Quelle époque! : Borne et Villepin s’écharpent sur la diplomatie française
Ce Samedi 23 novembre 2024, l’émission Quelle époque! sur France 2 a été le théâtre d’un échange houleux entre deux anciens Premiers ministres : Élisabeth Borne et Dominique de Villepin. Invités par Léa Salamé pour débattre des grands enjeux internationaux, les deux figures politiques ont exposé leurs désaccords sur la place de la France dans les conflits au Proche-Orient et en Ukraine.
Gaza et le Proche-Orient : un débat brûlant
Dominique de Villepin, ancien ministre des Affaires étrangères sous Jacques Chirac, a défendu ses positions développées dans sa récente tribune intitulée Open Gaza Now, publiée dans Libération. Il a dénoncé l’inaction de la communauté internationale et exhorté Israël à ouvrir les frontières de Gaza pour permettre une évaluation des dégâts. Villepin a aussi critiqué la gestion française du conflit, regrettant une politique brouillée par des déclarations contradictoires et un manque d’initiatives audacieuses.
Ces propos ont vivement fait réagir Élisabeth Borne, ancienne Première ministre d’Emmanuel Macron. Revenant sur les efforts diplomatiques français, elle a rappelé la nomination de Jean-Yves Le Drian comme envoyé spécial et souligné la position constante de la France, qui insiste sur le respect du droit international. Elle a accusé son prédécesseur de proposer des « solutions magiques » irréalistes face à la complexité de la situation.
Le ton est monté lorsque Villepin a martelé que la diplomatie française devait davantage se battre pour ses principes. « Les massacres dans la bande de Gaza, je ne les accepte pas », a-t-il affirmé avec force. Borne, visiblement exaspérée, a répliqué : « Moi non plus, je ne les accepte pas. Et après ? Quelle est votre solution ? »
L’Ukraine : des visions opposées sur la stratégie française
Le conflit ukrainien a également été source de divergences. Villepin a mis en garde contre l’approche unilatérale des États-Unis et l’éventuel retour de Donald Trump au pouvoir, estimant que la France et l’Europe n’ont que deux mois pour fixer des lignes rouges claires. « Il faut travailler avec les Ukrainiens et les Européens pour empêcher que l’Ukraine ne soit forcée à céder sur sa souveraineté et son intégrité territoriale », a-t-il déclaré.
Élisabeth Borne a défendu les actions menées sous son mandat, notamment les sanctions européennes contre la Russie. Elle a cependant été confrontée aux critiques de Villepin, qui a déploré l’inefficacité de ces mesures face aux contournements observés. « Peut-on se contenter de trains de sanctions alors qu’aucune solution durable n’est en vue ? », a-t-il interrogé.
Cette confrontation a illustré deux conceptions opposées de la diplomatie française : celle d’une Élisabeth Borne pragmatique et attachée à la continuité des efforts actuels, et celle d’un Dominique de Villepin plus idéaliste, prônant l’indépendance et un rôle de médiateur affirmé pour la France.