Des Prix Nobel s’engagent pour la libération de Boualem Sansal

24 novembre, 2024 / Alice Leroy

L’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal à l’aéroport d’Alger le 16 novembre, confirmée par l’agence algérienne APS, a suscité une vague de soutien international. Plusieurs Prix Nobel de littérature, dont Annie Ernaux, Jean-Marie Le Clézio, Orhan Pamuk et Wole Soyinka, ainsi que des auteurs tels que Salman Rushdie, Sylvain Tesson et Kamel Daoud, ont appelé à sa libération immédiate. Dans une tribune publiée par Le Point, ces intellectuels dénoncent une atteinte grave à la liberté d’expression en Algérie, où les écrivains et intellectuels sont régulièrement confrontés à des menaces, arrestations arbitraires et diffamations.

Un écrivain engagé contre l’oppression et l’islamisme

Boualem Sansal, 75 ans, est connu pour son œuvre critique et engagée, dénonçant les oppressions et le totalitarisme islamiste. Ses livres, tels que Le Village de l’Allemand et 2084, la fin du monde, traitent sans détour de l’histoire algérienne et des dangers de l’extrémisme religieux. Son engagement lui a valu des inimitiés en Algérie, notamment depuis sa visite en Israël en 2014 pour recevoir un prix littéraire. Les autorités algériennes l’accusent désormais de mettre en danger la souveraineté nationale, évoquant des charges pouvant aller jusqu’au « terrorisme », passible de réclusion à perpétuité.

Un appel à la solidarité internationale

Dans son texte, Kamel Daoud, Prix Goncourt 2024, décrit Boualem Sansal comme un « prophète biblique souriant » et exhorte la communauté internationale à ne pas rester silencieuse face à ce qu’il qualifie de « terreur éditoriale » en Algérie. Il rappelle que « la liberté d’expression, le droit à la culture et la dignité des écrivains » sont en jeu. De nombreux intellectuels, éditeurs et libraires algériens vivent aujourd’hui dans la crainte permanente de représailles.

Contexte diplomatique tendu

Cette arrestation intervient dans un contexte de tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie, alimentées par des désaccords sur le Sahara occidental et les déclarations de Boualem Sansal perçues comme critiques envers l’intégrité territoriale algérienne. Alors que l’écrivain risque un procès pour « atteinte à la sûreté de l’État », les appels à sa libération se multiplient, mobilisant écrivains, intellectuels et figures politiques, en France comme à l’international.