Pourquoi Kamel Daoud, lauréat du Prix Goncourt ne reçoit que 10 euros de gain ?
C’est une consécration que tout écrivain rêve de connaître : remporter le Prix Goncourt, la plus prestigieuse récompense littéraire française. Cette année, c’est Kamel Daoud qui a été couronné pour son roman Houris, publié chez Gallimard. Cette œuvre, centrée sur les massacres de la « décennie noire » algérienne (1992-2002), a séduit le jury par sa profondeur et sa puissance narrative. Cependant, au-delà des honneurs, la dotation du prix peut surprendre : le gagnant reçoit un chèque de seulement 10 euros.
Une tradition symbolique
Créé en 1903 à la suite du testament d’Edmond de Goncourt, le prix avait initialement une dotation de 5 000 francs. Cette somme, à l’époque conséquente, visait à récompenser l’excellence littéraire. Mais l’inflation, les crises économiques et les guerres mondiales ont progressivement réduit cette dotation. Dès les années 1960, elle est passée à 50 francs, avant d’être définitivement fixée à 10 euros à l’arrivée de la monnaie unique. Ce montant, dérisoire au premier abord, a pourtant une portée hautement symbolique.
Si la somme attribuée au lauréat peut prêter à sourire, la récompense repose avant tout sur sa dimension symbolique et son impact culturel. Recevoir le Prix Goncourt, c’est s’assurer une notoriété immédiate et une explosion des ventes. En moyenne, les livres primés se vendent à plus de 400 000 exemplaires, ce qui en fait un véritable phénomène éditorial.
Pour l’écrivain, ce succès commercial est également une manne financière. Les droits d’auteur, fixés généralement entre 8 % et 12 % du prix de vente d’un livre, permettent aux auteurs de toucher des revenus confortables. Pour un roman vendu à 20 euros, cela représente entre 640 000 et 960 000 euros de royalties, rien qu’en France. À cela s’ajoutent les droits de traduction, qui deviennent quasi automatiques pour les lauréats du Goncourt.
Une vitrine pour l’excellence littéraire
Au-delà des chiffres, le Goncourt est un label de qualité qui élève le statut de l’écrivain. Le prix met en lumière des œuvres souvent audacieuses et invite à des débats littéraires passionnés. Pour Kamel Daoud, cette distinction est non seulement une reconnaissance personnelle, mais aussi un hommage à son pays natal et à ses lecteurs.
Fait insolite : de nombreux lauréats choisissent de conserver leur chèque encadré, plutôt que de l’encaisser. Ce geste illustre l’attachement des écrivains à la valeur symbolique du prix, bien au-delà de la somme reçue.
Le Prix Goncourt agit comme un véritable tremplin pour les écrivains, leur offrant une visibilité et des opportunités inestimables. Kamel Daoud rejoint désormais le cercle prestigieux des auteurs primés, tels que Marguerite Duras, Marcel Proust ou encore Jean-Baptiste Andrea, lauréat de l’édition précédente avec Veiller sur elle.
Avec seulement 10 euros, le Goncourt prouve que l’art n’a pas besoin de sommes extravagantes pour briller. Pour les auteurs, cette récompense est avant tout un passeport vers l’immortalité littéraire.