Climat : Vers un échec de la COP29 ? Les pays en développement sous pression des ONG

23 novembre, 2024 / Entrevue

La conférence de l’ONU sur le climat (COP29), qui se tient à Bakou, s’enlise dans des négociations tendues. Face à l’absence d’avancées significatives, plus de 300 ONG ont lancé un appel dans la nuit de vendredi à samedi, exhortant les pays en développement et la Chine à se retirer des discussions si les engagements financiers des pays riches restent insuffisants.

Un ultimatum lancé par 335 ONG

Dans une lettre adressée au groupe G77+Chine, une coalition de 134 pays en développement, les ONG dénoncent un projet d’accord jugé « absolument inacceptable ». Selon elles, le texte proposé par les nations riches ne répond pas aux enjeux climatiques et permettrait à ces dernières de se soustraire à leurs obligations financières vis-à-vis des pays les plus vulnérables.

« Il vaut mieux ne pas avoir d’accord à Bakou qu’un mauvais accord », martèle la lettre. Les organisations reprochent aux États développés de manquer d’ambition, alors que leur dernière proposition prévoit d’augmenter l’effort financier actuel de 100 milliards de dollars par an à 250 milliards d’ici 2035. Un montant largement en deçà des besoins, estiment les ONG, qui réclament des financements annuels compris entre 440 et 900 milliards de dollars.

Cette 29e conférence sur le climat devait initialement s’achever vendredi, mais les discussions se sont prolongées tout le week-end, les divergences entre pays riches et pays en développement restant profondes. L’Union européenne, premier bailleur mondial pour le climat, a proposé de relever son engagement à 300 milliards de dollars par an d’ici 2035, à condition d’obtenir des concessions sur d’autres points du texte. Cependant, cette proposition reste insuffisante pour les pays du Sud, qui se préparent à repartir déçus.

« On fait tout ce qu’on peut pour construire des ponts sur tous les axes et faire de tout cela un succès. Mais est-ce qu’on va réussir ? C’est incertain », a déclaré Wopke Hoekstra, commissaire européen chargé des négociations, dans une déclaration peu optimiste.

Parallèlement, une autre lettre signée par 156 ONG a été adressée aux principaux pays développés, dont les États-Unis, l’Union européenne, le Canada et le Japon. Les signataires dénoncent leur « rôle destructeur » dans l’élaboration d’un projet de texte qu’ils jugent déconnecté des urgences climatiques. « Si cette COP se termine par un résultat faible ou inexistant, c’est vous qui serez à blâmer », avertissent les ONG.

Ces organisations appellent les pays riches à abandonner progressivement les énergies fossiles, tout en fournissant des financements publics et des technologies aux nations en développement, afin de les aider à adopter des solutions bas carbone et à faire face aux impacts du changement climatique.

Une issue incertaine pour la COP29

Alors que la conférence s’enfonce dans des prolongations, l’issue reste incertaine. Les pays en développement, soutenus par de nombreuses ONG, pourraient décider de quitter la table des négociations si aucun compromis satisfaisant n’est trouvé. Pour ces derniers, accepter un accord trop faible reviendrait à trahir les ambitions climatiques nécessaires pour limiter les dégâts causés par le réchauffement climatique.

La stratégie du « tout ou rien » prônée par les ONG pourrait redéfinir les dynamiques de cette conférence, mais elle souligne surtout l’ampleur des fossés à combler entre pays riches et pays pauvres dans la lutte mondiale contre le changement climatique.