Le Pape François en Corse : une visite historique et spirituelle

23 novembre, 2024 / Radouan Kourak

Pour la troisième fois depuis le début de son pontificat en 2013, le Pape François foulera le sol français. Après Strasbourg en 2014 et Marseille en 2023, il se rendra en Corse le dimanche 15 décembre 2024 pour une visite éclair dans le diocèse d’Ajaccio. Cette journée marquera un moment unique : c’est la première fois qu’un souverain pontife met les pieds sur l’île de Beauté.

Une journée dense à Ajaccio

Le Pape arrivera à Ajaccio tôt le matin. Après un accueil officiel à l’aéroport, il se dirigera au Palais des Congrès pour prononcer le discours de clôture d’un colloque international sur la piété populaire en Méditerranée, un thème qui lui tient particulièrement à cœur. Plus tard dans la journée, il se rendra à la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption pour un moment de prière et une allocution devant les membres du clergé corse.

En point d’orgue de cette visite, François célébrera une messe en plein air sur la place d’Austerlitz, où des milliers de fidèles sont attendus. Avant de repartir vers Rome dans la soirée, il rencontrera le président Emmanuel Macron à l’aéroport d’Ajaccio.

La venue du Pape s’inscrit dans le cadre d’un colloque de deux jours sur la religiosité populaire, organisé par le diocèse d’Ajaccio. Des évêques de Sicile, de Sardaigne et de France y échangeront sur la manière dont la foi s’exprime dans les traditions locales. Cette thématique, chère à François, met en lumière des pratiques religieuses souvent modestes, telles que les processions, pèlerinages et prières communautaires, que le pontife considère comme essentielles pour rapprocher l’Église de ses fidèles.

En Corse, terre de fortes traditions religieuses, les confréries et manifestations populaires jouent un rôle clé. La participation active de trois laïcs corses au colloque souligne l’importance de ce patrimoine vivant et son impact sur la société insulaire.

Une visite chargée de symboles

Cette visite, bien qu’attendue avec ferveur en Corse, a suscité des débats en France. Elle intervient une semaine après la réouverture officielle de Notre-Dame de Paris, un événement auquel le Pape a choisi de ne pas participer. Ce refus a été interprété comme un camouflet par certains, bien que François ait toujours justifié ses déplacements par une volonté de privilégier les « périphéries » et les territoires moins mis en avant.

La Corse, par sa culture et son histoire, s’inscrit parfaitement dans cette ligne directrice. Mgr François-Xavier Bustillo, cardinal d’Ajaccio depuis un an, a d’ailleurs souligné que « le Pape ne vient pas pour les autorités, mais pour la Corse et les Corses ».

Cette journée exceptionnelle mobilise toute l’île. Plus de 100 000 personnes sont attendues à Ajaccio, tandis qu’un site internet dédié, lepapeencorse.corsica, a été lancé pour coordonner les volontaires et collecter des dons. Les préparatifs s’intensifient, d’autant que le coût total de la visite est estimé à environ deux millions d’euros.

Pour Mgr Bustillo, cet événement est bien plus qu’une simple visite officielle. « Le Pape sera au milieu d’un peuple », a-t-il déclaré, rappelant l’importance de cette rencontre pour une communauté fière de son identité et de sa foi.

Une amitié pontificale

La visite témoigne également de l’estime du Pape pour le cardinal Bustillo, un homme de terrain qui sillonne les villages corses en Clio pour être au plus près de ses paroissiens. Ce franciscain d’origine basque, apprécié pour sa simplicité et son engagement pastoral, incarne l’esprit que François souhaite insuffler à l’Église.

En choisissant Ajaccio plutôt que Paris, François envoie un message fort : la foi populaire et les territoires éloignés des centres de pouvoir méritent une attention particulière. Ce 47e voyage apostolique, qui s’annonce historique, réaffirme la proximité du Pape avec les peuples et leurs traditions.