Emmanuel Macron « très préoccupé » par la disparition de Boualem Sansal
L’écrivain algérien Boualem Sansal, récemment naturalisé français, est porté disparu depuis son arrestation à l’aéroport d’Alger, samedi dernier. Cette nouvelle suscite une vive inquiétude, y compris au plus haut niveau de l’État français. « Les services de l’État sont mobilisés pour clarifier sa situation », a indiqué l’entourage d’Emmanuel Macron, ajoutant que le président exprime son « attachement indéfectible à la liberté d’un grand écrivain et intellectuel ».
Auteur de 75 ans, Boualem Sansal s’est fait connaître avec Le Serment des barbares en 1999, un roman qui évoque la montée de l’intégrisme ayant conduit l’Algérie dans une décennie sanglante de guerre civile (1992-2002). Si ses ouvrages, publiés en France, restent disponibles dans son pays natal, Sansal demeure une figure controversée, notamment en raison de sa visite en Israël en 2014, mal perçue dans une Algérie marquée par un soutien historique à la cause palestinienne.
Les circonstances de son arrestation à Alger demeurent floues, tout comme les motifs qui l’entourent. Selon Marianne, l’écrivain n’a donné aucune nouvelle à ses proches depuis son arrivée dans la capitale algérienne.
Mobilisation politique en France
Plusieurs personnalités politiques françaises, majoritairement de droite et de centre-droit, ont exprimé leur soutien à Boualem Sansal. L’ancien Premier ministre Édouard Philippe a salué l’écrivain comme une incarnation de « la raison, la liberté et l’humanisme » face à « la censure, la corruption et l’islamisme ». Il a appelé les autorités françaises et européennes à intervenir pour garantir sa liberté de circulation.
De son côté, Laurent Wauquiez, chef des députés Les Républicains, a exhorté la France à exercer « tous les moyens de pression » pour obtenir sa libération. Marine Le Pen, dirigeante du Rassemblement national, a également plaidé pour une intervention rapide, qualifiant Sansal de « combattant de la liberté ».
Cette affaire intervient dans un contexte tendu entre Paris et Alger. Les relations bilatérales se sont détériorées depuis que la France a soutenu le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, un territoire revendiqué par le Front Polisario et soutenu par l’Algérie. Ce différend diplomatique pourrait compliquer les efforts de médiation en faveur de Sansal.
Soutiens littéraires et critiques
L’écrivain franco-algérien Kamel Daoud, récent lauréat du Goncourt pour Houris, a exprimé son inquiétude dans une tribune publiée dans Le Figaro. Il a toutefois regretté l’« imprudence » de Sansal, qui a pris le risque de retourner en Algérie malgré les tensions persistantes.
Cette affaire rappelle les pressions croissantes exercées sur les intellectuels algériens, exacerbées par les polémiques. Gallimard, l’éditeur de Daoud, a dénoncé les attaques contre ce dernier et l’interdiction qui lui a été faite de participer au Salon international du livre d’Alger. En attendant, le mystère autour de la disparition de Boualem Sansal reste entier, alimentant l’inquiétude sur son sort et soulignant les défis pour la liberté d’expression dans la région.