MÉDIAS – Ouest-France va bouder X et arrêter de diffuser ses infos sur le réseau social détenu par Elon Musk
Ce mardi, le groupe Ouest-France a annoncé sa décision de suspende sans délai ses publications sur X ( ex-Twitter). Dans un communiqué, le média justifie sa décision en indiquant être « attaché à son indépendance, aux valeur démocratiques, au débat apaisé, à la lutte contre la désinformation et le harcèlement. » Ouest-France dénonce par ailleurs le « manque de régulation et de modération de la plateforme. »
Voici le communiqué du groupe Ouest-France :
Le 27 octobre 2023, en signe de protestation vis-à-vis du manque de modération et de régulation du réseau social X (ex Twitter), où pullulent désinformation et fake news, Ouest-France avait débranché ses publications sur la plateforme. Depuis, les différents comptes de Ouest-France n’étaient plus alimentés qu’à la marge : le compte général est ainsi passé de 200 tweets quotidiens à une vingtaine de tweets par semaine.
En un an, force est de constater que rien ne s’est arrangé: les nouvelles mesures prises par le réseau, sous la direction d’Elon Musk, l’affaiblissent au contraire davantage. Après le flou entretenu autour des « pastilles bleues » (anciennes certifications indiquant la fiabilité d’une source, devenues de simple badges d’utilisateurs payants), le réseau a modifié les conditions de blocage, nuisant ainsi à la sécurité des utilisateurs et offrant une brèche de taille face au cyberharcèlement.
Ouest-France réaffirme ses valeurs face aux « réseaux anti-sociaux »
Pour ces raisons, et pour la défense des valeurs du Groupe, attaché à son indépendance, à la démocratie, à l’apaisement du débat et au respect de chacun, Ouest-France a décidé de suspendre les publications sur X, ex Twitter.
Dans l’état actuel des choses, il ne semble en effet ni judicieux ni opportun d’y être actif, tant que de sérieuses garanties ne sont prises face à la désinformation, face au harcèlement et face à la violence. La présence de Ouest-France sur la plateforme, qui ne tenait jusque-là qu’à la volonté farouche de porter une parole claire et fiable au milieu de ce tumulte, ne peut hélas plus résister face à la tension de l’algorithme.
En effet, les règles du jeu sont désormais biaisées: les médias refusant de se soumettre aux offres payantes voient leur visibilité réduite à peau de chagrin, tandis que les auteurs de publications douteuses n’ont qu’à payer pour trouver une audience plus large.
Si Ouest-France continuera d’intégrer des publications X dans ses articles, dans le cas d’une information originale publiée sur la plateforme et sous réserve de sa fiabilité, l’ensemble des comptes X Ouest-France (compte général, comptes locaux, comptes sportifs…) ne seront désormais plus alimentés, ni par des productions natives, ni par des republications.
« Comment avons-nous pu transformer des outils de débats et qui pourraient être tellement utiles à la démocratie, en des machines infernales ignorant les règles du droit et de l’éthique? Pourquoi cette impunité ? Comment accepter que l’Internet soit à ce point une zone de non droit ? » s’interroge le président du directoire de Ouest-France, François-Xavier Lefranc.
Aujourd’hui, X a tourné le dos aux médias et n’offre pas les conditions nécessaires à l’exercice serein du journalisme, comme l’ont également constaté le quotidien britannique The Guardian et l’espagnol La Vanguardia. Constat amer et ironique, sachant que les réseaux sociaux se sont avant tout construits en grande partie sur le partage de contenus élaborés par des tiers.
Par les tensions qui y demeurent et le manque de vigilance face aux débordements, X contribue également à l’empoisonnement du débat public, pourtant vital à la démocratie.
Cette situation nous amène à suspendre les publications, toutefois les comptes resteront ouverts afin que la marque Ouest-France ne soit pas piratée par d’éventuels faux comptes.