La France appelle à renforcer l’armée libanaise face aux tensions régionales

19 novembre, 2024 / Entrevue

Lors de sa tournée dans le Golfe, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a réaffirmé ce mardi à Abou Dhabi l’importance de soutenir l’armée libanaise, un acteur clé dans la stabilisation d’un pays fragilisé par des crises multiples. Cette déclaration intervient alors qu’Israël et le Hezbollah sont engagés dans une guerre ouverte depuis fin septembre, exacerbant les tensions à la frontière sud du Liban.

Une stratégie basée sur la résolution 1701

« Il n’y a pas de meilleure solution à ce stade que de respecter la résolution 1701 de l’ONU et de soutenir les forces armées libanaises », a déclaré M. Lecornu à l’AFP. Ce texte, adopté en 2006 à la suite du dernier conflit entre Israël et le Hezbollah, prévoit que seuls l’armée libanaise et les Casques bleus soient déployés dans cette région frontalière.

Face à l’escalade actuelle, la France appelle ses partenaires du Golfe à accroître leur soutien à cette institution militaire, en raison de son rôle central, tant sur le plan sécuritaire que social. « Il faudra imaginer un accompagnement plus opérationnel sur le terrain militaire », a ajouté le ministre.

Avant son arrivée aux Émirats arabes unis, où il a rencontré le président Mohammed ben Zayed et le ministre de la Défense, Sébastien Lecornu s’était rendu au Qatar et en Arabie saoudite. À chaque étape, il a insisté sur la nécessité d’une aide accrue pour renforcer les capacités opérationnelles des forces armées libanaises.

Cette mobilisation s’inscrit également dans un effort plus large, parallèlement à la visite de l’émissaire spécial américain Amos Hochstein au Liban, chargé de négocier un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah.

Une armée essentielle, mais en difficulté

Depuis l’effondrement économique du Liban en 2019, l’armée peine à subvenir aux besoins de ses 80 000 militaires. Malgré des aides ponctuelles du Qatar et des États-Unis, les défis restent immenses. En octobre, une conférence internationale organisée par la France a permis de récolter un milliard de dollars pour le Liban, dont 200 millions spécifiquement destinés à son armée.

Le gouvernement libanais, conscient de l’enjeu, a annoncé le recrutement de 1 500 nouveaux soldats pour renforcer les 4 500 déjà présents dans le sud du pays. L’objectif est d’atteindre un déploiement de 7 000 à 11 000 militaires dans cette région cruciale.

L’armée libanaise ne se limite pas à son rôle militaire. Sébastien Lecornu a souligné son importance dans la lutte contre le terrorisme, mais aussi dans la préservation de l’unité nationale. « Elle pourrait permettre aujourd’hui de prévenir toute forme de grave tension interconfessionnelle », a-t-il expliqué.

Alors que les efforts diplomatiques s’intensifient pour instaurer un cessez-le-feu, la France et ses partenaires espèrent que le renforcement des forces armées libanaises contribuera à stabiliser le pays et à protéger sa souveraineté dans un contexte régional de plus en plus volatile.