« Le patriarcat n’existe plus » : le ministre de l’Éducation italien suscite la polémique

19 novembre, 2024 / Entrevue

Le ministre italien de l’Éducation, Giuseppe Valditara, membre de la Ligue (extrême droite), a déclenché une vive controverse après ses propos tenus lundi à la Chambre des députés. Dans un message vidéo, il a affirmé que « le patriarcat n’existe plus » et a imputé les violences faites aux femmes à l’immigration illégale, des déclarations qui ont choqué une partie de l’opinion publique et de la classe politique.

Une intervention polémique

Les propos du ministre surviennent lors de la présentation de la Fondation Giulia Cecchettin, créée en mémoire de cette étudiante italienne de 22 ans assassinée en 2023 par son compagnon, un jeune homme italien. Ce féminicide avait ému tout le pays, provoquant des manifestations massives contre les violences faites aux femmes.

Giuseppe Valditara, dans son discours, s’est adressé « aux nouveaux venus » en Italie, déclarant que « notre Constitution n’admet pas les discriminations fondées sur le sexe ». Il a toutefois ajouté que « l’augmentation des phénomènes de violence sexuelle est aussi liée à une forme de marginalité et de déviance découlant en partie de l’immigration illégale ».

Le ministre a également critiqué « l’idéologie » qui s’attaque, selon lui, à des problématiques obsolètes. « Le patriarcat n’existe plus juridiquement depuis la réforme du droit de la famille de 1975, qui a remplacé une famille fondée sur la hiérarchie par une famille basée sur l’égalité. Aujourd’hui, il ne reste que des résidus de machisme dans la société », a-t-il conclu.

Un discours jugé hors de propos

Ces déclarations ont suscité l’indignation de nombreux responsables politiques et de la famille de Giulia Cecchettin. Sa sœur, Elena, a dénoncé un « discours de propagande », rappelant que l’assassin de Giulia, Filippo Turetta, était « un jeune homme blanc, italien et bien sous tous rapports ».

« Si l’on écoutait davantage, au lieu de faire de la propagande, il n’y aurait pas une centaine de femmes tuées chaque année dans notre pays », a-t-elle déclaré. Elle a également souligné l’incohérence des propos du ministre, citant les statistiques montrant que la grande majorité des meurtres de femmes en Italie sont commis par des hommes italiens.

Des chiffres accablants

Selon le ministère de l’Intérieur, 83 féminicides ont été enregistrés depuis le début de l’année 2024 en Italie, après 96 en 2023 et 106 en 2022. Les données de l’Institut national de la statistique pour 2022 révèlent que 94 % des Italiennes victimes de meurtres ont été tuées par des Italiens.

Riccardo Magi, secrétaire général du parti centriste +Europa, a qualifié les propos de Giuseppe Valditara d’« affirmations racistes démenties par toutes les statistiques ». Il a dénoncé une « instrumentalisation des violences faites aux femmes à des fins idéologiques ».

Cette controverse illustre les tensions autour des questions de genre et d’immigration en Italie, où le débat sur les violences faites aux femmes reste au cœur des préoccupations sociétales.