Procès Pelicot : la victime et son bourreau à la barre pour une confrontation finale

19 novembre, 2024 / Entrevue

Le procès des viols de Mazan, qui secoue le tribunal criminel du Vaucluse, entre ce mardi 19 novembre dans une phase décisive. Gisèle Pelicot, la victime principale, et son ex-mari Dominique Pelicot, le principal accusé, s’exprimeront une dernière fois avant la fin de l’instruction à la barre.

Un procès sous tension

Ce lundi 18 novembre, les trois enfants du couple, Florian, David et Caroline, ont livré des témoignages marqués par la douleur et la colère. Ils ont exhorté leur père à dire la vérité sur une décennie de viols orchestrés sur leur mère, une période marquée par une soumission chimique et des abus multiples.

David Pelicot, 50 ans, a ouvert la session avec un discours poignant, qualifiant le procès de celui « d’une famille totalement anéantie ». S’adressant à son père, il a déclaré : « Si tu as encore un peu d’humanité, dis enfin la vérité, notamment sur ce que tu as fait à ma sœur et à mon fils. »

Son frère Florian, 38 ans, a exprimé des doutes sur sa propre filiation, réclamant un test de paternité. Caroline, quant à elle, s’est dite « la grande oubliée » du procès, convaincue d’avoir également été victime d’agressions par son père, bien que le manque de preuves pèse lourd dans son parcours judiciaire.

La découverte, en 2020, des crimes commis par Dominique Pelicot a bouleversé cette famille. Pendant des années, l’accusé aurait drogué son épouse Gisèle aux anxiolytiques avant de l’offrir à des dizaines d’hommes recrutés en ligne. Les enquêteurs ont également retrouvé des images de leur fille Caroline prises à son insu, renforçant les soupçons d’abus à son encontre.

Caroline Darian, qui a publié un livre en avril dernier intitulé Et j’ai cessé de t’appeler papa, milite pour que ce procès devienne un tournant dans la reconnaissance des violences sexuelles facilitées par la soumission chimique en France. « Moi, j’interpelle les pouvoirs publics, mais cela a un coût : celui de ma santé mentale, au prix de ma survie », a-t-elle déclaré lundi.

Une dernière étape cruciale

Ce mardi, Gisèle Pelicot reviendra à la barre pour répondre aux questions des avocats de la défense, avant que son ex-mari, Dominique Pelicot, ne soit interrogé une dernière fois. L’instruction sera alors close, laissant place, dès mercredi, aux plaidoiries des parties civiles.

Le président de la cour criminelle a rappelé l’importance de cette étape finale : « Nous arriverons au stade où l’instruction à la barre sera terminée. »

Ce procès, au-delà de sa portée familiale, est également scruté pour sa dimension sociétale. Les victimes et leurs proches espèrent que justice sera rendue, non seulement pour punir les accusés, mais aussi pour inscrire ces crimes dans l’histoire de la lutte contre les violences sexuelles en France.