L’acte 2 de la colère agricole : les agriculteurs relancent la mobilisation
Moins d’un an après une vague de protestations ayant marqué les campagnes françaises, les syndicats agricoles majoritaires, FNSEA et Jeunes Agriculteurs (JA), lancent une nouvelle mobilisation contre les difficultés du secteur et le projet d’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur. Avec des actions prévues sur tout le territoire, les agriculteurs entendent se faire entendre face à une situation qu’ils jugent « dramatique ».
Un contexte tendu : récoltes décevantes et normes oppressantes
Les agriculteurs dénoncent un bilan mitigé des 70 engagements pris par le gouvernement Attal en janvier dernier, freinés par la dissolution de l’Assemblée nationale. À cela s’ajoutent des récoltes médiocres, la recrudescence de maladies animales et des normes toujours jugées trop complexes. Les revenus, eux, restent insuffisants pour de nombreuses exploitations.
Parmi les sujets de colère cette année, l’accord de libre-échange UE-Mercosur cristallise les tensions. Si cet accord permettrait aux pays d’Amérique latine (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) d’exporter davantage de produits agricoles – viande de bœuf, poulet, sucre – sans droits de douane en Europe, il est perçu comme une menace directe pour les producteurs français. « En volaille, c’est plus de 180.000 tonnes qui viendront inonder le marché, tandis que des molécules interdites en France sont utilisées pour produire le maïs brésilien », s’indignent des agriculteurs du Bas-Rhin.
Actions symboliques : les « feux de la colère » et autres manifestations
Les syndicats FNSEA et JA ont opté pour des actions marquantes mais non bloquantes, afin de sensibiliser sans pénaliser les Français. Parmi les initiatives prévues : des rassemblements devant les préfectures, des occupations symboliques comme celle du « pont de l’Europe » entre Strasbourg et Kehl, et des renominations temporaires de communes françaises en villes sud-américaines.
Lundi soir, des « feux de la colère » seront simultanément allumés dans plusieurs départements. D’autres actions ont déjà été menées, comme le déversement de déchets devant un centre des impôts à Tarascon, rebaptisé pour l’occasion « ambassade du Brésil », ou un convoi funéraire symbolisant l’agonie de l’agriculture française dans le Gers.
Si la FNSEA prône des manifestations mesurées, la Coordination Rurale, deuxième syndicat agricole, a annoncé des actions plus radicales à partir de mercredi, après son congrès annuel. Parmi les propositions : des blocages de fret alimentaire ou même « l’encerclement » de métropoles comme Toulouse. « Ce n’est pas notre mode d’action », a rétorqué Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, dimanche sur BFMTV.
De son côté, la Confédération Paysanne, troisième force syndicale, se concentre sur des actions pacifiques pour réclamer un soutien à la transition agro-écologique, tout en dénonçant le libre-échange et les inégalités normatives entre l’Europe et les pays du Mercosur.
Un soutien politique insuffisant ?
En déplacement en Argentine avant le sommet du G20 au Brésil, Emmanuel Macron a assuré que la France « continuera de s’opposer » à l’accord Mercosur, cherchant à apaiser les inquiétudes des agriculteurs. Une promesse qui reste insuffisante pour les syndicats, déterminés à maintenir la pression jusqu’à mi-décembre.
Pour l’agriculture française, cette mobilisation est un nouveau cri d’alarme. Derrière les feux et les symboles, c’est l’avenir d’un secteur stratégique qui se joue face aux défis environnementaux, économiques et politiques.