SNCF : le PDG appelle à éviter une grève avant Noël

17 novembre, 2024 / Entrevue

Alors que la SNCF fait face à une nouvelle fronde syndicale, Jean-Pierre Farandou, président-directeur général de l’entreprise, estime que la grève annoncée est « évitable ». Il exhorte les cheminots à « rester du côté des Français » et met en avant les efforts déjà consentis pour préserver leur pouvoir d’achat.

Une mobilisation progressive avant Noël

Les quatre principaux syndicats de la SNCF (CGT Cheminots, Unsa Ferroviaire, SUD Rail et CFDT Cheminots) ont appelé à une journée de grève le 21 novembre, avant le lancement d’un mouvement reconductible dès le 11 décembre, à l’approche des vacances de fin d’année. Cette mobilisation intervient dans un contexte tendu, marqué par le démantèlement de Fret SNCF, prévu pour le 1er janvier 2025, et les inquiétudes autour de l’ouverture à la concurrence des lignes régionales.

Dans un entretien à La Tribune, Jean-Pierre Farandou a insisté sur l’importance d’éviter une grève prolongée qui pourrait perturber les déplacements des Français en période de fêtes. « Les Français ne comprendraient pas de ne pas pouvoir rejoindre leurs proches pour Noël, surtout dans un contexte économique difficile où des emplois sont menacés », a-t-il déclaré.

Le patron de la SNCF souligne que les cheminots ont vu leurs salaires augmenter en moyenne de 17 % entre 2022 et 2024, avec des hausses allant jusqu’à 21 % pour les bas salaires. « Nous avons protégé leurs rémunérations au-delà de l’inflation », a-t-il affirmé, en ajoutant que l’inflation ralentissant, les ajustements salariaux devraient en tenir compte. Toutefois, les syndicats jugent les premières propositions de la direction insuffisantes et espèrent infléchir les négociations annuelles obligatoires qui débuteront mercredi.

Concernant Fret SNCF, Farandou rappelle que le démantèlement découle d’un accord entre la Commission européenne et le gouvernement français. Bien qu’un moratoire soit exclu, il assure que les cheminots concernés conserveront leur statut lors de leur transfert vers les deux nouvelles entités Hexafret (transport de marchandises) et Technis (maintenance des locomotives). Il a également promis qu’aucun licenciement n’aurait lieu, malgré la suppression de 500 postes. « Certains employés seront redéployés vers les activités TER », a-t-il précisé.

Un dialogue encore possible

Jean-Pierre Farandou reste optimiste quant à la possibilité d’éviter un conflit social prolongé. Une réunion avec les syndicats est prévue le 27 novembre pour poursuivre les discussions. « Le calendrier est suffisamment long pour trouver une issue sans passer par une grève », a-t-il assuré, en rappelant qu’une seule journée de grève coûte 20 millions d’euros à l’entreprise.

Malgré ces tensions, la SNCF affiche une situation économique solide, avec deux semestres bénéficiaires consécutifs et une forte demande pour les vacances d’hiver. « Le transfert de la voiture vers le train se confirme, mais les coûts augmentent et il faudra probablement répercuter une partie de cette hausse sur les prix des billets », a-t-il expliqué.

En appelant au sens des responsabilités des cheminots, Farandou espère éviter un épisode de mobilisation comparable à celui de décembre 2019, marqué par une paralysie des transports. Le dialogue reste ouvert, mais la pression monte à quelques semaines des fêtes de fin d’année.