L’opposition russe en exil défie Poutine : grande manifestation à Berlin

17 novembre, 2024 / Entrevue

L’opposition russe, exilée et affaiblie par la répression et des dissensions internes, organise ce dimanche à Berlin sa première grande manifestation internationale contre l’invasion de l’Ukraine et Vladimir Poutine. Ce rassemblement, présenté comme un test majeur pour la crédibilité politique du mouvement, vise à fédérer les opposants au régime.

Au cours des dernières années, le Kremlin a mené une répression implacable contre toute forme de contestation. Des centaines, voire des milliers de militants ont été emprisonnés, réduisant presque à néant les actions de protestation en Russie. Après la mort en prison d’Alexeï Navalny en février dernier dans des circonstances troubles, l’opposition a perdu sa figure emblématique, contraignant ses membres à organiser leur lutte depuis l’étranger.

Une marche symbolique dans le cœur de Berlin

Le rassemblement se tiendra à partir de 13h00 GMT dans le centre de Berlin, une ville où réside une importante diaspora russe. La marche, qui s’achèvera devant l’ambassade de Russie, est organisée par trois figures de proue de l’opposition : Ioulia Navalnaïa, veuve d’Alexeï Navalny et nouvelle leader de son mouvement ; Ilia Iachine, ex-député municipal moscovite récemment libéré de prison ; et Vladimir Kara-Mourza, critique du Kremlin ayant survécu à plusieurs tentatives d’assassinat.

Les revendications de l’événement sont claires : le retrait immédiat des troupes russes d’Ukraine, la destitution de Vladimir Poutine et son jugement comme criminel de guerre, ainsi que la libération de tous les prisonniers politiques détenus en Russie.

Un mouvement en quête d’unité

Cette manifestation constitue un défi pour une opposition en quête de cohésion. Les répressions du Kremlin, combinées à la mort d’Alexeï Navalny et à des querelles internes, ont gravement affaibli le mouvement. Malgré des rassemblements spontanés massifs lors des funérailles de Navalny ou au début de l’invasion de l’Ukraine, la mobilisation s’est effondrée ces derniers mois.

Ioulia Navalnaïa, interrogée récemment par la chaîne d’opposition Dojd, a reconnu les difficultés. « Nous n’avons pas encore de plan concret pour renverser Vladimir Poutine ou mettre fin à la guerre », a-t-elle confié. Des scandales internes, comme l’agression d’un allié de Navalny ou des accusations de corruption touchant sa fondation anticorruption, ont également nui à la crédibilité de l’opposition.

Fédérer les forces de l’exil

Les organisateurs espèrent néanmoins transformer ce rassemblement en un moment d’unité. « Il est crucial de montrer que nous pouvons travailler ensemble », a insisté Vladimir Kara-Mourza. L’objectif est de mobiliser les dizaines de milliers de Russes ayant fui leur pays depuis 2022, notamment pour échapper à la mobilisation militaire.

Face à cette mobilisation, le Kremlin a affiché son mépris. Dmitri Peskov, porte-parole de Vladimir Poutine, a qualifié ces opposants de « monstrueusement détachés de leur pays », estimant que leur opinion était « sans importance ».

Pour l’opposition russe en exil, la marche de Berlin est bien plus qu’une simple protestation : elle symbolise une tentative de survie politique et de redéfinition d’un mouvement qui lutte pour sa pertinence, tant à l’étranger qu’auprès de la population russe.