Réseau international de pédocriminalité : 10.000 suspects identifiés grâce à Telegram
Un vaste réseau de pédocriminalité impliquant plus de 10.000 suspects répartis dans une cinquantaine de pays a été mis au jour par les enquêteurs de l’Office des mineurs (Ofmin) de la police judiciaire française. Cette opération, fruit de six mois d’investigations minutieuses, a permis l’interpellation d’une trentaine de personnes, dont quatre en France.
Un réseau actif sur Telegram
Les investigations ont révélé l’existence de plusieurs groupes sur la messagerie cryptée Telegram, où étaient partagées plus de 23.000 photos et vidéos à caractère pédopornographique. Les enquêteurs ont analysé quelque 73.000 messages échangés au sein de ces groupes, recensant des contenus d’une gravité inouïe. Les victimes identifiées dans cette affaire sont des enfants âgés de quelques semaines à huit ans.
Cette enquête a été facilitée par l’arrestation, en août dernier, du fondateur de Telegram, Pavel Durov, qui a été mis en examen pour plusieurs infractions liées à l’utilisation de sa plateforme. Depuis cet événement, Telegram coopère davantage avec les autorités, ce qui a permis d’accélérer l’identification des cibles en France et à l’étranger.
Arrestations en France
En France, quatre individus âgés de 37 à 73 ans ont été arrêtés ces derniers jours. À Bordeaux, un homme de 63 ans a été interpellé le 12 novembre pour détention, diffusion, et importation d’images pédopornographiques. Il a reconnu les faits et a été placé sous contrôle judiciaire en attendant son procès prévu pour le 15 avril 2025. Selon le parquet de Bordeaux, une expertise psychiatrique a exclu toute altération de son discernement. Les faits de viol sur mineur, initialement évoqués, n’ont pas été retenus, l’homme ayant menti en ligne sur des actes qu’il n’avait pas commis.
Dans le Finistère, un autre individu de 37 ans a été mis en examen pour viols et agressions sexuelles sur mineurs ainsi que pour la diffusion de contenus pédopornographiques. Il a été placé en détention provisoire. Deux autres suspects ont été appréhendés dans les régions de Lille et de Bourg-en-Bresse.
L’infiltration des groupes Telegram a marqué un tournant décisif dans cette enquête. Selon Samuel Comblez, directeur général adjoint de l’association E-Enfance, « la pression exercée sur les plateformes est essentielle pour obtenir leur collaboration ». Longtemps réfractaire, Telegram s’est récemment montré plus coopératif, permettant des avancées significatives dans la lutte contre ces réseaux criminels.
Des arrestations à venir
Les enquêteurs de l’Ofmin s’attendent à de nouvelles arrestations dans les semaines à venir, la France ayant été identifiée comme un point d’ancrage pour plusieurs membres du réseau. Les autorités poursuivent leur travail pour démanteler ce réseau tentaculaire et protéger les victimes.
Les associations de protection de l’enfance saluent les efforts conjoints des enquêteurs et des plateformes numériques, soulignant qu’une meilleure collaboration est indispensable pour lutter contre ces crimes odieux.