Addictions, argent public et politique : le scandale Andy Kerbrat
Une enquête de Mediapart révèle qu’Andy Kerbrat, député La France Insoumise (LFI) de Loire-Atlantique, a utilisé 25 000 euros de ses frais de mandat pour financer des dépenses personnelles, incluant sa consommation de drogues de synthèse. Une situation qui mêle usage abusif de fonds publics, luttes personnelles contre les addictions, et questionnements sur la transparence des enveloppes parlementaires.
Des addictions aux lourdes conséquences
Andy Kerbrat, élu en 2022 et réélu en 2024 dès le premier tour, a reconnu publiquement des problèmes d’addiction à l’alcool et aux drogues, notamment des cathinones comme la 3-MMC, souvent associées au « chemsex ». Ces pratiques, qu’il avait pourtant dénoncées à l’Assemblée dans une résolution de prévention en 2023, ont progressivement envahi son quotidien.
L’élu a confié que ses problèmes ont commencé avec l’alcool, avant de basculer dans une consommation régulière de drogues pour « tenir » face à la charge mentale et émotionnelle de son mandat. Sa situation s’est aggravée en 2022, après le décès de sa mère. Ses absences répétées à l’Assemblée et sa détérioration physique ont toutefois peu alerté son entourage.
Détournements de fonds publics
Selon Mediapart, Kerbrat a utilisé son compte AFM (avance de frais de mandat) pour retirer plus de 13 000 euros en espèces et effectuer des virements ou paiements injustifiés via des applications comme PayPal et Lydia. Bien que l’argent de cette enveloppe soit destiné à couvrir des frais professionnels, le député aurait compensé des dépenses personnelles liées à son addiction.
Ces abus ont entraîné un découvert de 8 000 euros sur son compte AFM en août 2023. Face à cette situation, il a fini par rembourser les 25 000 euros détournés grâce à une aide familiale et a confié la gestion de son compte à un collaborateur.
La consommation excessive de drogues et d’alcool a eu des répercussions sur son travail parlementaire. En mai 2023, Le Canard Enchaîné révélait qu’il avait été sanctionné par une retenue sur son indemnité pour absences répétées en commission. En mars de la même année, il avait manqué une réunion cruciale sur les violences intrafamiliales, où il était le seul représentant de son groupe.
Malgré ces alertes, aucun contrôle systématique des dépenses n’a permis de détecter ses abus. La réforme de 2017 visant à renforcer la surveillance des enveloppes parlementaires repose en effet sur des vérifications aléatoires, qui n’ont pas concerné Andy Kerbrat en 2022 et 2023.
Une demande d’aide et un retrait temporaire
Interpellé en octobre 2024 en flagrant délit d’achat de stupéfiants à Paris, Kerbrat a publiquement reconnu ses torts et demandé à être hospitalisé pour soigner ses addictions. Il s’est également mis en retrait de ses fonctions parlementaires, laissant en suspens l’impact de cette affaire sur sa carrière politique et son groupe.
Andy Kerbrat a souligné que ses luttes personnelles reflètent un problème plus large d’addictions au sein de l’Assemblée nationale, traversant tous les groupes politiques. Ce constat relance les débats sur la santé publique et la transparence des pratiques des élus, dans un contexte où les dérives restent difficiles à détecter malgré des dispositifs de contrôle renforcés.