Sibyle Veil (Radio France) défend un modèle public menacé par l’austérité
La directrice générale de Radio France, Sibyle Veil, a exprimé dans une interview accordée au Parisien son inquiétude face aux coupes budgétaires supplémentaires envisagées pour l’audiovisuel public en 2025, malgré des audiences exceptionnelles pour les antennes de son groupe.
Des records d’audience historiques
Radio France a de quoi célébrer. Les résultats Médiamétrie pour la période de septembre-octobre 2024 sont flatteurs : France Inter, France Culture, France Musique et France Bleu atteignent des niveaux records. France Inter, leader incontesté, rassemble plus de 7 millions d’auditeurs quotidiens, tandis que franceinfo s’installe sur la deuxième marche du podium, devançant RTL. Même France Culture franchit pour la première fois la barre des 2 millions d’auditeurs quotidiens.
« Ces résultats montrent qu’entre Radio France et les Français, c’est l’amour fou », se réjouit Sibyle Veil dans une interview. Elle salue également le travail des équipes, tout en rappelant que « ces succès ne sont pas acquis d’avance ».
Ces excellents résultats surviennent alors que l’audiovisuel public est au cœur des débats. La loi portée par Rachida Dati prévoit une réforme ambitieuse qui sanctuarise le financement de l’audiovisuel public, mais impose aussi des économies drastiques. Des personnalités publiques et des salariés avaient déjà exprimé leurs inquiétudes dans une pétition dénonçant un affaiblissement potentiel de la pluralité médiatique et de la qualité de l’information.
Pour Sibyle Veil, ces résultats d’audience sont une démonstration de la pertinence du modèle public : « On a besoin de services publics solides, et c’est ce que je défends auprès de tous mes interlocuteurs. Cette indépendance est la clé du contrat de confiance avec nos auditeurs. »
Un combat pour l’audiovisuel public
Malgré ce succès, Radio France n’échappe pas aux contraintes budgétaires. Après plusieurs années de restrictions et de suppressions de postes, de nouvelles coupes sont attendues pour 2025. Sibyle Veil met en garde contre les risques de ces réductions : « On nous demande des efforts importants. Il ne faudrait pas finir par casser des stations qui marchent et qui ont aujourd’hui le soutien populaire. »
À titre de comparaison, Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, s’attend à devoir économiser 85 millions d’euros l’an prochain. Radio France pourrait être confrontée à une situation similaire, suscitant des inquiétudes sur l’avenir des antennes pourtant en pleine ascension.
Face aux accusations de manque de pluralisme ou de biais éditoriaux émanant de certains concurrents et observateurs, Sibyle Veil reste ferme : « Nos résultats montrent une réalité très éloignée de ce bashing. Nos antennes parlent à des millions de Français aux opinions diverses. »
Pour la dirigeante, les chiffres d’audience sont une réponse claire aux critiques : « 15 millions de Français nous écoutent chaque jour. Cela témoigne de la diversité et de la qualité de nos programmes. »
Alors que l’Assemblée nationale a récemment voté en commission une loi assurant un financement indépendant pour l’audiovisuel public, Sibyle Veil espère que ces avancées permettront de préserver le modèle public. « Cette reconnaissance montre le rôle essentiel que joue Radio France auprès des Français », conclut-elle, tout en appelant à des décisions budgétaires prudentes pour éviter de mettre en péril un service public en plein essor.