Japon : Un concours de suicide harakiri provoque un tollé
Un événement intitulé Concours Seppuku, invitant ses participants à simuler un rituel de suicide par éventration, a suscité une vive controverse au Japon. Prévu pour décembre dans la ville historique de Matsue, ce concours a été annulé après une avalanche de critiques sur les réseaux sociaux et des objections de la municipalité locale.
Une annonce controversée
L’annonce publiée dans un journal local de Matsue proposait aux participants de « montrer leurs incroyables talents d’acteurs en agonisant durant environ une minute après s’être ouvert le ventre avec une épée en plastique. » Le gagnant aurait reçu un prix pour la performance la plus convaincante.
Rapidement, les réseaux sociaux se sont enflammés, dénonçant une banalisation inappropriée d’un rituel historique associé à la mort et au sacrifice. « Transformer une tragédie en divertissement est inacceptable », ont souligné de nombreux internautes, tandis que certains remettaient en question le respect dû à l’histoire culturelle japonaise.
Une municipalité prise de court
Les représentations étaient prévues sur le parvis de la mairie de Matsue, sans consultation préalable des autorités municipales. Tomokazu Honda, représentant de la ville, a déclaré : « Nous n’en savions rien. L’organisateur avait initialement présenté un marché aux puces. » La mairie a estimé que le concours serait « gênant pour de nombreuses personnes » et inapproprié pour un lieu public tel qu’un hôtel de ville.
L’organisateur, connu uniquement sous le nom d’Ogawa, a exprimé ses regrets face à la controverse. « Nous pensions que cet événement pourrait inspirer des acteurs ou des créateurs de festivals étranges. Nous sommes désolés pour l’émotion causée », a-t-il affirmé, reconnaissant l’incompatibilité entre le terme seppuku et son projet.
Un rituel historique chargé de symbolisme
Le seppuku, ou hara-kiri, était une pratique samouraï datant de l’époque féodale japonaise (12e-19e siècles). Ce rituel de suicide volontaire, souvent utilisé pour préserver l’honneur, exigeait un courage exceptionnel et était entouré d’un protocole rigoureux. Popularisé à travers la littérature et les récits historiques, le dernier cas célèbre fut celui de l’écrivain Yukio Mishima, qui s’éventra en 1970 lors d’un acte de protestation politique.
Cependant, dans le Japon moderne, cette pratique est largement perçue comme un vestige du passé, éloigné des réalités contemporaines. En annulant ce concours, la municipalité de Matsue a souligné l’importance de préserver la dignité associée à cette tradition, tout en évitant de transformer des actes symboliques en spectacles divertissants.
L’affaire relance le débat sur la manière d’interpréter et de réutiliser les traditions culturelles dans un contexte moderne, où les sensibilités sociales jouent un rôle crucial dans l’organisation d’événements publics.