Procès de Marine Le Pen et du RN : les réquisitions en cours, la procureure affirme « pas d’acharnement »

13 novembre, 2024 / Entrevue

Ce mercredi 13 novembre 2024 marque le début des réquisitions dans le procès de Marine Le Pen et du Rassemblement National (RN), après six semaines d’audience. La cheffe de file du parti, accompagnée de 24 autres prévenus, entendra les peines requises contre elle, son parti et d’autres anciens collaborateurs.

Le contexte judiciaire : « Pas d’acharnement »

La procureure Louise Neyton a ouvert l’audience en précisant que cette procédure n’était ni motivée par un « acharnement » ni une « dénonciation du Parlement européen », mais résulte d’une longue instruction. Face au tribunal, Marine Le Pen, assise en première ligne, a suivi attentivement cette introduction. Pour elle, ce procès est le prolongement de ce qu’elle qualifie de « procédure branlante » et d’une enquête que le parquet défend depuis une décennie.

Les procureurs Neyton et Nicolas Barret présenteront leur analyse détaillée du « système » mis en place au FN entre 2004 et 2016. Selon eux, ce « système de gestion centralisé » aurait permis de détourner les fonds alloués par le Parlement européen pour rémunérer des assistants parlementaires fictifs qui travaillaient en réalité pour le parti. Les enveloppes de 21 000 euros mensuels, destinées aux eurodéputés pour financer des collaborateurs, auraient ainsi servi à rémunérer des employés du RN dans des rôles éloignés de leurs fonctions parlementaires.

Détournement de fonds publics et menaces sur les ambitions présidentielles

Le parquet doit passer en revue les rôles de chacun des 26 prévenus, incluant neuf anciens eurodéputés, douze ex-assistants parlementaires, ainsi que des experts-comptables et le trésorier du parti. Ces accusations, portant sur le détournement de fonds publics, pourraient aboutir à des peines allant jusqu’à 10 ans d’emprisonnement, un million d’euros d’amende et des sanctions d’inéligibilité. Cette dernière menace pèse lourdement pour Marine Le Pen, qui prépare sa candidature à la présidentielle de 2027. Une condamnation d’inéligibilité pourrait en effet compromettre ses ambitions.

À la barre, Marine Le Pen a insisté sur l’impact politique potentiel d’une telle décision, rappelant qu’elle représente « 11 millions de Français » ayant voté pour le RN lors des précédentes élections. Elle estime qu’une exclusion de la présidentielle priverait une large frange de l’électorat de sa candidate.

Durant le procès, la présidente du RN a été interrogée en tant qu’ancienne députée européenne, cheffe du parti entre 2011 et 2016, et représentante du RN comme personne morale. En réponse aux accusations, elle a constamment proclamé son innocence, qualifiant les allégations de « mensonges » et de « malentendus ». Elle a également affirmé percevoir une opinion biaisée du tribunal, indiquant son sentiment que le jugement pourrait déjà être influencé.

Le Parlement européen a quant à lui évalué le préjudice financier à 4,5 millions d’euros, mais ne réclame que 3,4 millions d’euros, une partie des fonds ayant été remboursée. La décision finale du tribunal pourrait être déterminante, tant pour l’avenir judiciaire que politique de Marine Le Pen et pour l’avenir du RN.