L’Assemblée nationale rejette le projet de budget 2025 : le texte envoyé au Sénat
L’Assemblée nationale a rejeté ce mardi 12 novembre en première lecture la première partie du projet de loi de finances 2025, qui portait sur les recettes. Le texte, massivement modifié par la gauche, a suscité des critiques virulentes de la part de la majorité et de ses alliés. Avec 192 voix pour et 362 voix contre, le rejet de cette première partie entraîne le renvoi du texte dans sa version gouvernementale d’origine au Sénat pour un nouvel examen.
Une « frénésie fiscale » dénoncée par la majorité
Durant les débats, les groupes de gauche, rassemblés sous le Nouveau Front Populaire (NFP), ont ajouté de nombreuses taxes et supprimé certaines mesures initiales. Parmi les amendements adoptés, des taxes sur les superprofits, les superdividendes, les rachats d’actions, le patrimoine des milliardaires, et les grandes sociétés numériques ont été approuvées. Cette version du texte a été saluée par Éric Coquerel, président LFI de la commission des finances, comme un budget « NFP-compatible » et nécessaire pour répondre aux besoins des Français.
Toutefois, la majorité gouvernementale, représentée par des députés d’Ensemble pour la République (EPR) et de Droite Républicaine (DR), ainsi que le Rassemblement national, ont fermement rejeté ce texte. David Amiel, député EPR, a qualifié ce projet de « barbouillis budgétaire » et Véronique Louwagie (DR) a dénoncé une « frénésie fiscale ». Le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, a regretté un « matraquage fiscal » qui alourdit les impôts de 35 milliards d’euros supplémentaires.
Une navette parlementaire tendue en perspective
Le texte, désormais transmis au Sénat, reprendra en grande partie sa version initiale, dépourvue des amendements adoptés à l’Assemblée. Les sénateurs pourront, à leur tour, amender ce budget avant qu’il ne retourne à l’Assemblée pour une adoption finale. Si un accord n’est pas trouvé en commission mixte paritaire, le Premier ministre Michel Barnier pourrait recourir à l’article 49.3 pour faire passer le texte, au risque de déclencher une motion de censure.
Le projet de loi de finances 2025, tel que remanié par la gauche, a cristallisé les tensions au sein de l’hémicycle. D’un côté, le NFP célèbre une victoire politique qui, selon Aurélien Le Coq (LFI), représente « le budget que le peuple français a choisi le 7 juillet dernier ». De l’autre, la majorité dénonce un projet « dénaturé » et peu conforme aux priorités initiales.