Crise diplomatique : l’Algérie suspend ses relations commerciales avec la France
Depuis le 5 novembre, l’Algérie a pris des mesures restrictives visant les importations et les exportations entre l’Algérie et la France, selon des sources confirmées par Europe 1 et Le Figaro. Cette décision serait en réaction à la visite récente d’Emmanuel Macron au Maroc et à la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, une position qui entre en conflit avec celle d’Alger, soutenant l’autodétermination des Sahraouis.
Un gel des opérations commerciales
L’Association professionnelle des banques et des établissements financiers (Abef), représentant les autorités algériennes dans le domaine bancaire et financier, aurait convoqué les banques locales pour ordonner la suspension des opérations commerciales avec la France. Cette mesure a été annoncée verbalement, sans communication officielle ou document écrit, mais un compte-rendu non vérifié circulant dans la communauté française en Algérie alimente de vives inquiétudes.
Si elle est confirmée, cette initiative pourrait signifier la suspension complète des relations commerciales entre la France et l’Algérie, perturbant des échanges annuels évalués en milliards d’euros. Pour de nombreuses entreprises françaises opérant en Algérie, des blocages sont déjà constatés.
Ce gel des relations pourrait toucher plusieurs secteurs économiques stratégiques. Les importateurs algériens sont désormais contraints de chercher d’autres fournisseurs pour des produits auparavant importés de France, notamment des équipements industriels, des matières premières, des produits pharmaceutiques, et des services de maintenance essentiels, particulièrement pour les secteurs industriels et de sécurité.
Les exportations algériennes vers la France, notamment de produits agricoles comme les dattes et les approvisionnements en gaz, sont également menacées. Bien qu’une suspension des exportations de gaz paraisse improbable, la situation reste fragile, l’Algérie ayant maintenu ses livraisons énergétiques même au plus fort de sa crise diplomatique avec l’Espagne.
Une dégradation progressive des relations
La relation bilatérale entre la France et l’Algérie s’est dégradée ces derniers mois, marquée par des tensions autour de divers dossiers tels que les visas, les laissez-passer consulaires, et des différends culturels et économiques. Les milieux d’affaires en Algérie s’inquiètent des conséquences économiques et sociales de cette mesure, qui pourrait pénaliser aussi bien les grandes entreprises que les PME-PMI françaises et algériennes, menaçant potentiellement des milliers d’emplois.
Les autorités algériennes font face à une critique croissante des milieux économiques et de l’Union européenne, qui voit d’un mauvais œil ce non-respect des accords d’association. La France, autrefois principal partenaire commercial de l’Algérie, a déjà vu sa position se dégrader au profit de la Chine et de l’Allemagne, prêtes à prendre le relais sur les opportunités commerciales laissées vacantes par la France.
Au sein de la communauté française d’Algérie, la tension est palpable, les entreprises cherchant à s’adapter à cette crise imprévue, et les investisseurs redoutant une instabilité économique prolongée. D’après des témoignages recueillis par Le Figaro, plusieurs clients français en Algérie ont déjà été approchés par des concurrents allemands, attirés par cette situation tendue.
Face aux conséquences économiques de cette crise, les milieux d’affaires espèrent toujours un compromis entre Paris et Alger. Les dirigeants d’entreprises et les experts en diplomatie appellent les deux pays à privilégier le dialogue, conscient que des millions de consommateurs et d’emplois dépendent de la stabilité de cette relation.