Kemi Badenoch, première femme noire à la tête des conservateurs britaniques, promet un nouveau départ pour le parti
Kemi Badenoch a été élue samedi à la tête du parti conservateur britannique, devenant ainsi la première femme noire à diriger l’un des principaux partis politiques du Royaume-Uni. Cette élection marque un virage important à droite pour les Tories, déjà affaiblis par une défaite électorale historique en juillet dernier.
Badenoch, figure emblématique de l’aile droite du parti, a remporté le scrutin interne face à Robert Jenrick avec 57% des voix des militants. Sa victoire conclut trois mois de campagne, où cette fervente défenseure d’un « vrai conservatisme » et d’une ligne stricte sur l’immigration s’est imposée comme la favorite.
Née au Royaume-Uni de parents nigérians et ayant grandi partiellement au Nigeria, Badenoch est ingénieure de formation et a rejoint le Parlement en 2017. Forte de son expérience ministérielle, elle s’est illustrée comme partisane du Brexit et pour son opposition aux « guerres culturelles » et aux politiques dites « woke », se positionnant comme critique de la multiculturalité et de la neutralité carbone. Elle a souvent suscité la controverse pour ses prises de position, notamment en affirmant que « toutes les cultures ne se valent pas » et en remettant en question les politiques de soutien social et environnemental.
Après la démission de Rishi Sunak à la suite de la débâcle électorale du 4 juillet, les Tories, qui ont perdu les deux tiers de leurs sièges à la Chambre des communes, cherchent à se réinventer. Badenoch a promis de redonner au parti son identité et sa voix après 14 ans de pouvoir qui ont laissé des séquelles, notamment en raison du Brexit, des politiques d’austérité et des scandales de l’ère Boris Johnson.
« Il est temps de dire la vérité et de défendre nos principes, » a déclaré Badenoch lors de son discours de victoire. « Nous devons repenser notre politique pour donner à notre parti et à notre pays un nouveau départ. » Dans la même veine, Rishi Sunak et Boris Johnson ont appelé les conservateurs à se rallier derrière Badenoch pour reconstruire le parti et combattre le Labour, dirigé par le Premier ministre Keir Starmer.
Cependant, plusieurs analystes s’interrogent sur la capacité de Badenoch à unifier un parti fragmenté et à regagner l’électorat perdu au profit de la droite dure, incarnée par Reform UK de Nigel Farage, ainsi que des centristes du Parti libéral-démocrate.
Un tournant vers la droite pour les Tories
Avec l’arrivée de Badenoch à la tête du parti, les conservateurs semblent opter pour une ligne plus dure sur des sujets comme l’immigration, l’environnement et les « guerres culturelles ». Elle a déjà annoncé vouloir revoir la politique migratoire et s’est dite sceptique face aux objectifs de réduction des émissions carbone du Royaume-Uni. De nombreux militants conservateurs, en particulier ceux de l’aile droite, se sont montrés enthousiastes face à cette direction plus radicale, bien qu’elle soulève des inquiétudes quant à un possible éloignement de l’opinion publique.
Badenoch s’inscrit également dans une stratégie de « réinitialisation » de l’État britannique, prônant un retour à une économie de marché libre et la réduction de l’intervention de l’État. Son objectif est clair : redynamiser le parti et reconquérir les électeurs perdus face à la montée de Reform UK et aux centristes, qui ont gagné du terrain lors des dernières élections.
Un pari risqué pour l’avenir des Tories
La nouvelle dirigeante des conservateurs doit maintenant relever le défi de préparer le parti pour les prochaines élections générales prévues d’ici 2029, alors que le Labour maintient une solide majorité au Parlement. Certains observateurs soulignent que Badenoch devra non seulement réorganiser le parti, mais aussi offrir une vision alternative solide pour contrer la popularité de Keir Starmer.
Si l’élection de Badenoch est un moment historique, elle ouvre également une période d’incertitude pour les Tories. L’avenir nous dira si ce virage à droite suffira à redonner aux conservateurs leur place au sommet de la politique britannique, ou s’il accentuera encore leur isolement face à un électorat de plus en plus fragmenté.