COP16 biodiversité : un accord historique pour les peuples autochtones, mais un financement bloqué
La COP16 sur la biodiversité, qui se tient à Cali en Colombie, s’est prolongée au-delà de sa clôture initialement prévue, en raison de désaccords majeurs sur la question du financement des actions de protection de la biodiversité. Bien que des avancées significatives aient été réalisées, notamment la reconnaissance du rôle des peuples autochtones dans la protection de la nature, les discussions autour du financement restent une pierre d’achoppement, opposant pays développés et pays en développement.
Un statut renforcé pour les peuples autochtones
Une décision saluée par des acclamations a été adoptée dans la nuit de vendredi à samedi, accordant aux peuples autochtones un statut renforcé dans les négociations onusiennes sur la biodiversité. Camila Romero, représentante des peuples Quechuas du Chili, a décrit ce moment comme une avancée historique pour la reconnaissance de ces communautés en tant que « gardiens de la nature ». Cet accord marque un tournant dans la reconnaissance de leur rôle essentiel dans la protection des écosystèmes et dans l’application des objectifs de conservation.
Au cœur des négociations, la question du financement reste sans résolution. Les discussions se concentrent sur la manière de porter les dépenses mondiales pour la préservation de la nature à 200 milliards de dollars par an. Les pays en développement, en particulier en Afrique, ont exigé la création d’un nouveau fonds multilatéral pour remplacer le fonds actuel, jugé inadapté et déséquilibré. Néanmoins, le compromis proposé par la Colombie consistait à initier un « processus de discussions », renvoyant la création d’un éventuel fonds à la prochaine COP en Arménie en 2026, une décision qui a laissé plusieurs délégations insatisfaites.
Daniel Mukubi, négociateur pour la République démocratique du Congo (RDC), a exprimé sa déception face à l’absence de mesures contraignantes obligeant les pays développés à respecter leurs engagements financiers.
La protection des océans et la création du « Fonds Cali »
Une autre avancée notable concerne l’adoption d’un accord visant à protéger les zones marines d’importance écologique dans les eaux internationales, permettant ainsi de délimiter des zones de conservation de la biodiversité sans compromettre la souveraineté des États. Cet accord s’aligne sur les objectifs du pacte Kunming-Montréal, qui fixe notamment la conservation de 30 % des terres et mers d’ici 2030.
Par ailleurs, des discussions ont avancé autour de la création d’un « Fonds Cali », destiné au partage des bénéfices liés aux données génétiques numériques (DSI) issues des ressources biologiques des pays en développement. Ce fonds prévoit que les entreprises utilisant ces données, telles que les industries pharmaceutiques et cosmétiques, contribuent à hauteur de 0,1 % de leurs revenus ou de 1 % de leurs bénéfices. Le fonds répartirait ensuite les contributions entre les États et les peuples autochtones.
Les négociations se poursuivent, avec la ministre colombienne de l’Environnement, Susana Muhamad, multipliant les rencontres bilatérales pour tenter de rapprocher les positions divergentes avant la clôture finale de la conférence. La COP16 marque un succès pour la reconnaissance des droits des peuples autochtones, mais elle reste suspendue à l’obtention d’un compromis financier qui pourrait déterminer la portée réelle de cet accord historique pour la biodiversité.