Bruno Retailleau enjoint les préfets à une « reprise de contrôle » de la politique migratoire

30 octobre, 2024 / Entrevue

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a adressé une circulaire musclée aux préfets le 29 octobre, les appelant à une « complète mobilisation » pour renforcer le pilotage de la politique migratoire. Cette directive de sept pages, dont les détails ont été révélés par franceinfo et AFP, exige des « résultats » concrets pour répondre aux attentes des citoyens. Retailleau, tenant d’une ligne ferme sur l’immigration, exige ainsi des préfets une action accrue dans la gestion des dossiers d’éloignement et d’expulsion, en particulier dans les cas de menaces potentielles pour l’ordre public.

Accent sur les mesures d’éloignement et les interdictions de retour

Le ministre appelle à « amplifier » et « systématiser » les mesures d’éloignement pour les étrangers en situation irrégulière jugés dangereux, en mobilisant tous les outils légaux. Notamment, il demande aux préfets d’appliquer l’interdiction de retour comme complément de l’OQTF (Obligation de quitter le territoire français), même dans les cas où l’expulsion s’avère juridiquement difficile. Cette circulaire s’inscrit dans le prolongement de la loi immigration de janvier, visant à assurer un suivi administratif et policier plus rigoureux des étrangers, y compris ceux en situation régulière.

Retailleau souligne la nécessité de doter les services des étrangers de ressources humaines, matérielles et budgétaires supplémentaires pour absorber la charge de travail liée à ces directives. En outre, il demande des rapports mensuels détaillés sur l’activité de contrôle et d’éloignement en préfecture, mettant l’accent sur les étrangers récemment libérés de prison, en lien avec des drames récents impliquant des individus sous le coup d’une OQTF.

Vers une révision de la circulaire Valls et une nouvelle loi sur l’immigration

Retailleau prévoit de réviser la circulaire Valls de 2012 afin de durcir certains critères de régularisation, démarche en partie motivée par des incidents récents. En parallèle, une nouvelle loi sur l’immigration, attendue en 2025, reprendrait les mesures de la loi Darmanin de 2023, partiellement censurée par le Conseil constitutionnel. Ce projet a déjà ravivé des tensions au sein de la majorité présidentielle, marquées l’an dernier par des désaccords sur la loi Darmanin.

Cette circulaire intervient alors que Bruno Retailleau était en déplacement à Rabat pour discuter de la coopération migratoire avec les autorités marocaines, confirmant la volonté du gouvernement de Michel Barnier de renforcer les contrôles et de durcir la politique migratoire de la France.