Dette française : Moody’s maintient la note à Aa2 mais place la France sous surveillance

26 octobre, 2024 / Entrevue

Ce vendredi, l’agence de notation Moody’s a décidé de maintenir la note de la dette souveraine française à « Aa2 », écartant ainsi la dégradation redoutée par le gouvernement. Toutefois, cette stabilité n’est que relative, car Moody’s a assorti cette évaluation de perspectives négatives, sous-entendant que la situation pourrait se détériorer si aucune mesure significative n’est prise pour maîtriser les finances publiques.

En effet, cette décision fait suite à des mois de tensions budgétaires et à des avertissements similaires d’autres agences de notation, telles que Fitch et Standard & Poor’s (S&P). En avril dernier, S&P avait déjà abaissé la note de la France, et doit rendre une nouvelle évaluation en novembre, alors que Fitch a récemment adopté la même position que Moody’s : conserver la note actuelle, tout en exprimant des doutes pour l’avenir. Sylvain Bersinger, économiste au cabinet Asterès, explique : « Le message est clair : si aucune réforme significative n’est menée, une dégradation est envisageable dans les mois à venir. »

La décision de Moody’s s’inscrit dans un contexte économique tendu pour la France, où le déficit public devrait atteindre 5,6 % du PIB en 2024, avec une prévision de 6,2 % en 2025, selon le Trésor français. Le ministre de l’Économie, Antoine Armand, a réagi en réaffirmant les « forces économiques » de la France et la capacité du pays à « mener des réformes d’ampleur » pour renforcer l’attractivité économique et contrôler les dépenses. L’objectif est ambitieux : parvenir à réduire le déficit sous les 3 % du PIB d’ici 2029, un cap difficile à atteindre sans consensus politique au sein de l’Assemblée.

Le gouvernement sous pression pour engager des réformes

Le gouvernement Barnier, qui vise 60 milliards d’économies en 2025, est soumis à une pression croissante de la part des agences de notation, des créanciers, mais également des partis d’opposition. Les récents débats budgétaires à l’Assemblée nationale illustrent cette impasse politique, alors que les partis peinent à s’accorder sur les orientations économiques à adopter. Mathieu Plane, directeur adjoint de l’OFCE, indique que, malgré des éléments incitant à une révision de la note, les agences ont pour l’instant opté pour une approche prudente en n’abaisseant que les perspectives.

Si le statu quo persiste, le maintien de la note actuelle semble plus incertain à l’avenir. Moody’s et les autres agences attendent du gouvernement français qu’il prenne des mesures décisives pour assainir les comptes publics, une tâche d’autant plus complexe dans le contexte de la dissolution de l’Assemblée et des récentes instabilités politiques qui inquiètent les marchés.