Nicolas de Tavernost : « BFMTV ne doit pas chercher à imiter CNews, mais à reconquérir les actifs »

24 octobre, 2024 / Entrevue

Ce jeudi 24 octobre 2024, Nicolas de Tavernost, PDG du groupe RMC BFM, était l’invité de Léa Salamé sur France Inter. L’ancien patron de M6 a exposé la stratégie qu’il compte mettre en œuvre pour permettre à BFMTV de reprendre la première place des chaînes d’information en continu, actuellement détenue par CNews. Depuis le début de l’année 2024, la chaîne du groupe Canal+ a devancé BFMTV à trois reprises, notamment en septembre où elle a enregistré une part d’audience record de 3,2 %, contre 2,9 % pour BFMTV, marquant ainsi le plus grand écart historique entre les deux chaînes.

« Il ne faut pas aller chercher CNews sur son terrain »

Interrogé sur la manière dont BFMTV peut reprendre l’avantage, Nicolas de Tavernost a été clair : il n’est pas question d’adopter une stratégie similaire à celle de CNews, qui s’est imposée avec des débats d’opinion très marqués, attirant principalement un public plus âgé. « Il ne faut pas aller chercher CNews sur son terrain, il ne faut pas faire une chaîne de débat en allant chercher les personnes les plus âgées », a-t-il affirmé. En effet, selon de Tavernost, la montée en puissance de CNews est due en grande partie à son audience composée majoritairement de téléspectateurs de plus de 73 ans, un segment démographique qui consomme intensivement l’information en continu.

Pour se démarquer, le patron de BFMTV propose une approche différente, axée sur un contenu plus diversifié. « Il faut reconquérir les actifs qui sont partis », a-t-il expliqué. Cela implique un recentrage sur des sujets d’actualité plus larges, en mettant moins l’accent sur la politique et en accordant davantage de place à des thèmes économiques, sociaux, de santé ou encore de consommation. « Ça va être un art d’équilibre », a-t-il précisé, ajoutant qu’il n’existe pas de « recette miracle », mais que l’équipe est prête à se battre pour regagner le public perdu au fil des derniers mois.

Un recentrage sur l’économie et les faits de société

Cette réorientation stratégique vise à attirer des téléspectateurs actifs, qui ont progressivement quitté BFMTV pour d’autres chaînes ou qui se sont éloignés de l’information en continu. Pour cela, la chaîne doit proposer une grille plus équilibrée, intégrant moins de débats politiques et davantage de programmes axés sur l’économie, les faits de société et les questions de consommation. Selon Nicolas de Tavernost, ces sujets correspondent davantage aux attentes des actifs, une cible clé pour BFMTV.

Le PDG a également mis en avant le défi de maintenir une équipe de haut niveau à la tête de la chaîne, en pleine restructuration après le rachat du groupe par Rodolphe Saadé. « Il faut d’abord avoir des gens compétents », a-t-il martelé, tout en soulignant que la situation est compliquée par la clause de cession, qui permet aux salariés de quitter l’entreprise avec des indemnités en cas de changement d’actionnaire. « Jusqu’en mai 2025, des gens peuvent partir », a-t-il précisé, mais il est confiant dans la nouvelle équipe en place.

L’international, un levier d’audience sous-exploité ?

Contrairement à certaines idées reçues, Nicolas de Tavernost ne pense pas que les sujets internationaux soient un frein à l’audience. Au contraire, il estime qu’il existe un réel intérêt pour l’actualité internationale, à condition de bien traiter ces sujets. « Ce n’est pas vrai que l’international ne marche pas. Il y a une curiosité très forte pour l’international aujourd’hui », a-t-il affirmé, en rappelant que le succès d’émissions comme Enquête exclusive sur M6 a prouvé que l’international pouvait attirer l’audience, à condition d’aborder les sujets de manière immersive et pertinente.

Il a cité l’exemple des élections américaines, sur lesquelles BFMTV investit d’importants moyens humains et techniques. « Le but n’est pas simplement de donner les résultats des États, mais de montrer comment vivent les Américains, leurs différences avec nous… Il y a beaucoup de choses à faire dans ce domaine », a-t-il insisté, en expliquant que BFMTV enverra de nombreuses équipes sur le terrain pour couvrir les élections de novembre 2024.

Aucune place pour Cyril Hanouna sur BFMTV

Enfin, Nicolas de Tavernost a abordé les rumeurs concernant une possible arrivée de Cyril Hanouna sur les chaînes du groupe RMC BFM. Le présentateur vedette de Touche Pas à Mon Poste (TPMP) sur C8 serait en quête d’une nouvelle chaîne après avoir été remercié par Canal+ en raison des sanctions coûteuses infligées par l’ARCOM, cumulant 7,6 millions d’euros d’amendes en quelques années. Interrogé par Léa Salamé sur France Inter à ce sujet, de Tavernost a été catégorique : « Non, il n’y a pas de place pour Cyril Hanouna sur BFMTV, ni sur nos autres chaînes. »

S’il reconnaît le talent de l’animateur, avec qui il a déjà collaboré à l’époque où Hanouna était pressenti pour rejoindre M6, de Tavernost insiste sur le fait que son profil ne correspond pas à l’identité de BFMTV. « C’est quelqu’un de talentueux, mais sur BFM et sur nos autres chaines, il n’y a pas de place pour Cyril », a-t-il conclu.

En résumé, la stratégie de Nicolas de Tavernost pour redresser BFMTV repose sur une approche équilibrée, diversifiant les contenus pour attirer un public plus jeune et actif, sans tomber dans le piège des chaînes d’opinion comme CNews. Confiant dans le travail de ses équipes, il se dit prêt à relever le défi, tout en excluant toute collaboration avec Cyril Hanouna.