Rachida Dati propose de faire payer l’entrée de Notre-Dame pour financer la restauration des églises en France

24 octobre, 2024 / Entrevue

Dans une interview accordée au Figaro, Rachida Dati, ministre de la Culture, s’est exprimée sur la nécessité de mobiliser toutes les forces politiques pour sauvegarder le patrimoine français, qu’elle considère en état de dégradation avancée. Nommée au ministère en janvier 2024, Dati a été reconduite à son poste dans le gouvernement de Michel Barnier, une continuité qu’elle juge essentielle pour mener à bien les réformes qu’elle a initiées.

Un budget culturel stable, mais insuffisant pour le patrimoine

Rachida Dati se félicite du maintien du budget 2025 du ministère de la Culture, malgré un contexte de réduction des dépenses publiques. Selon elle, cet engagement du gouvernement témoigne de l’importance de la culture pour la cohésion sociale et l’ouverture sur le monde. Cependant, elle estime que ce budget n’est pas suffisant pour répondre aux besoins urgents de préservation du patrimoine français. Dati appelle à une visibilité à long terme sur les moyens financiers alloués à la restauration des monuments, soulignant que des interventions ponctuelles ne suffiront pas à assurer leur protection.

Pour financer la rénovation du patrimoine religieux, la ministre propose une mesure audacieuse : faire payer l’entrée de Notre-Dame de Paris après sa réouverture. Selon ses estimations, un tarif symbolique de 5 euros par visiteur pourrait générer 75 millions d’euros par an, une somme qu’elle souhaite consacrer à la sauvegarde des églises en France, souvent négligées. « Partout en Europe, l’accès aux édifices religieux les plus remarquables est payant », rappelle-t-elle, ajoutant que Notre-Dame pourrait devenir un symbole national de cette initiative.

Un patrimoine parisien sous-protégé

Rachida Dati dénonce également la sous-protection du patrimoine parisien, un constat partagé par l’Unesco. Elle critique la gestion actuelle de la maire de Paris, Anne Hidalgo, notamment sur des sites emblématiques comme Montmartre, qu’elle juge dégradés par le tourisme de masse. Dati propose la création de « secteurs patrimoniaux remarquables » pour mieux protéger des zones historiques comme l’île Saint-Louis et la Butte-aux-Cailles. Elle insiste également sur l’importance de classer la tour Eiffel aux Monuments historiques, une proposition refusée jusqu’ici par Hidalgo.

Outre la tarification de Notre-Dame, Dati défend l’idée que les visiteurs étrangers hors UE devraient payer un prix d’entrée plus élevé dans les monuments français, afin que les Français ne soient pas les seuls à financer leur patrimoine. Elle cite également des modèles étrangers, comme le National Trust en Angleterre, qui pourrait inspirer une réforme de la gestion du patrimoine privé en France.

Vers une réforme de l’audiovisuel public

Enfin, Dati évoque une réforme nécessaire de l’audiovisuel public, soulignant que les bouleversements dans le secteur des médias exigent une coopération renforcée entre les entités publiques. Elle préconise la création d’une holding exécutive pour coordonner les stratégies des différentes chaînes et stations de radio publiques, afin d’assurer leur pérennité dans un paysage médiatique en pleine mutation.

Avec ces propositions, Rachida Dati ambitionne de placer la culture et le patrimoine au cœur de l’action politique, tout en appelant à une plus grande implication des acteurs privés et à l’utilisation de solutions innovantes pour financer leur préservation.