Déficit public : Thomas Cazenave défend sa gestion et accuse les prévisions erronées

22 octobre, 2024 / Entrevue

Alors que la Commission des finances de l’Assemblée nationale envisage de se transformer en commission d’enquête pour faire la lumière sur le dérapage budgétaire, l’ancien ministre des Comptes publics, Thomas Cazenave, a nié toute accusation de dissimulation. Interrogé ce mardi sur LCI, il a assuré avoir agi « dans la plus grande transparence », affirmant que tous les documents avaient été transmis et qu’il se tient à la disposition des parlementaires pour s’expliquer sur cet écart budgétaire.

Le déficit public pourrait atteindre 6,1 % du PIB en 2024, contre les 5,1 % initialement annoncés. Selon Cazenave, cette situation est le résultat d’erreurs de prévision, largement imputables à la crise, qui a perturbé les modèles de Bercy, rendant difficile l’évaluation des recettes. Il a également évoqué une envolée des dépenses des collectivités territoriales et les élections législatives anticipées, qui ont selon lui « interrompu le plan de redressement des finances publiques ».

L’ancien ministre a reconnu que la situation est préoccupante, en expliquant que lorsqu’un « trou de 20 milliards d’euros » dans les recettes a été constaté, des mesures d’urgence ont été prises pour limiter les dégâts. Il a mentionné une réduction immédiate des dépenses publiques à hauteur de 10 milliards d’euros, mise en œuvre via un décret en février, visant l’ensemble des ministères. Ces restrictions ont touché notamment les opérateurs de l’État, les dépenses de fonctionnement et les dépenses immobilières.

L’impact de la dissolution de l’Assemblée nationale

Thomas Cazenave a aussi pointé du doigt la dissolution de l’Assemblée nationale, décidée par Emmanuel Macron en juin dernier, comme un facteur aggravant du déficit public. Il a expliqué que cette décision a « interrompu le plan de redressement des finances publiques », empêchant l’adoption d’une loi de finances rectificatives qui aurait pu corriger les prévisions. À partir de ce moment, les ministres se sont retrouvés en position de gestionnaire des affaires courantes, incapables de prendre des décisions budgétaires d’envergure.

Face aux critiques récurrentes sur la gestion de la crise du Covid et le « quoi qu’il en coûte », Cazenave a défendu l’unanimité autour de cette politique à l’époque, tout en admettant que le contexte actuel exige un retour à des finances plus soutenables. Ses propos ont été soutenus par Prisca Thevenot, ancienne porte-parole du gouvernement, qui a rappelé que la gestion de la crise avait permis d’éviter des conséquences économiques bien plus graves.

Une commission d’enquête pour clarifier les responsabilités

La Commission des finances va désormais approfondir les raisons du dérapage budgétaire via une commission d’enquête. Les parlementaires cherchent à comprendre ce qui a pu conduire à cet écart considérable entre les prévisions et la réalité des comptes publics. Certains, à l’image du député socialiste Philippe Brun, accusent Bercy d’avoir volontairement dissimulé certains éléments.

Dans ce contexte, le projet de loi de finances pour 2025, actuellement examiné à l’Assemblée, prévoit des mesures de redressement ambitieuses, avec 60 milliards d’euros d’économies et 20 milliards d’impôts supplémentaires, pour tenter de ramener le déficit à 5 % du PIB l’année prochaine.