Bpifrance investit 10 milliards dans la santé : Nicolas Dufourcq dévoile sa stratégie

21 octobre, 2024 / Entrevue

Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, exprime un optimisme pragmatique quant à l’avenir économique de la France. Dans un entretien accordé à la Tribune Dimanche, il soutient la vision économique du gouvernement Barnier, tout en soulignant la nécessité de réformes pour garantir un avenir financier durable, notamment en matière de retraites et de dette publique.

La santé et l’industrie pharmaceutique au cœur de la stratégie de Bpifrance

Interrogé sur l’acquisition d’Opella, filiale de Sanofi, par le fonds Clayton, Dubilier and Rice (CD&R), Dufourcq a confirmé l’implication de Bpifrance dans ce projet. L’institution se prépare à injecter plus de 10 milliards d’euros dans le secteur de la santé au cours des prochaines années. Il a également rassuré sur la pérennité des emplois en France, en rappelant que l’État et Sanofi ont pris des mesures pour préserver les sites concernés.

Dufourcq a insisté sur le mouvement de réindustrialisation en France, soulignant la création de 57 nouvelles usines en 2023. La Bpifrance investit dans des secteurs porteurs comme les polymères sans plastique, les dispositifs médicaux et les semi-conducteurs, affirmant que la France reste un acteur majeur dans l’aéronautique, le nucléaire et les technologies de pointe.

Cependant, il met en garde contre le risque de décrochage de l’Europe face aux États-Unis et à la Chine. Il plaide pour que l’innovation européenne, encore largement issue des universités, se traduise davantage en projets économiques concrets, tout en critiquant la tendance européenne à utiliser la dette pour financer des dépenses sociales plutôt que l’avenir.

Dufourcq soutient les réformes du gouvernement visant à décaler l’indexation des retraites, affirmant que la France ne peut plus continuer à ignorer le poids de ces dépenses. Il rappelle que les retraites représentent 375 milliards d’euros de dépenses publiques par an, soit 60 milliards de plus que dans les pays voisins. Selon lui, la France doit faire des choix difficiles, en particulier pour réduire sa dette publique qui atteint 110 % du PIB.

Le rôle des entrepreneurs dans la relance économique

Malgré les défis, Dufourcq reste confiant dans le potentiel des entrepreneurs français, qu’il qualifie de « solution à nos problèmes ». Les entreprises devront faire des efforts pour contribuer à l’ajustement budgétaire, mais elles demeurent essentielles pour l’avenir économique du pays. Il souligne que les entrepreneurs doivent sentir que les sacrifices demandés par l’État seront récompensés, et avertit contre toute politique qui risquerait de décourager l’esprit d’initiative et l’investissement.

Dufourcq, membre du conseil d’administration de Stellantis, est optimiste quant à l’avenir de l’industrie automobile électrique. Bien que la transition vers les véhicules électriques semble lente, il est convaincu que les conditions de succès sont en place, avec de nouveaux modèles qui séduiront bientôt les consommateurs. Il soutient également l’idée d’un bonus à l’échelle européenne pour encourager l’achat de véhicules électriques produits localement, potentiellement financé par un emprunt européen.

En conclusion, Nicolas Dufourcq demeure optimiste sur l’avenir de l’économie française, tout en appelant à des réformes structurelles pour garantir la compétitivité du pays face aux grands blocs mondiaux.