Alerte rouge mal justifiée ? David Lisnard pointe du doigt Météo France

21 octobre, 2024 / Entrevue

Les récentes intempéries sur la ville de Cannes ont ravivé les tensions entre le maire, David Lisnard, et Météo France. Après des inondations survenues le 23 septembre 2024 et une vigilance rouge décrétée en octobre pour des pluies bien moins importantes que prévu, l’édile cannois n’a pas mâché ses mots à l’encontre du service météorologique national. Dans une interview accordée à Nice-Matin le 18 octobre, il a exprimé son étonnement face aux « marges d’erreur » des prévisions météorologiques, tout en demandant un audit de l’institution.

« Confusion chromatique » et vigilance sous tension

David Lisnard a notamment souligné la disproportion entre les alertes météo et la réalité des précipitations. Il rappelle que le 23 septembre, alors que Cannes était en alerte jaune, plus de 50 mm d’eau sont tombés en moins de 25 minutes, provoquant des inondations majeures. En revanche, lors de la vigilance rouge décrétée dans la nuit du 17 au 18 octobre, seulement 23 mm d’eau sont tombés en dix heures. Selon le maire, cette incohérence révèle « une confusion chromatique » dans le système de vigilance de Météo France.

Lisnard a également critiqué une dégradation de la fiabilité des prévisions, qu’il juge moins précises qu’il y a quelques années. Il a déclaré qu’il souhaitait un audit pour évaluer de manière « précise et objective » le système de prévision, et examiner la possibilité de construire une gestion des risques plus efficace en collaboration avec Météo France.

Colère des scientifiques

Les propos de David Lisnard ont rapidement fait réagir plusieurs chercheurs, dont le climatologue Christophe Cassou et la géographe Magali Reghezza, qui ont défendu Météo France sur les réseaux sociaux. Cassou a exprimé son soutien aux prévisionnistes de l’institution, tandis que Reghezza a rappelé que le problème ne résidait pas tant dans les prévisions, mais plutôt dans l’urbanisation des zones inondables, l’imperméabilisation des sols et le changement climatique.

David Lisnard, également président de l’Association des maires de France (AMF), s’inquiète de l’impact de ces prévisions sur la confiance des habitants. Il craint que la succession de mauvaises alertes n’érode la « culture du risque » que les autorités locales tentent de promouvoir, indispensable pour prévenir les risques majeurs dans une région particulièrement exposée aux intempéries.

Le débat ne semble pas près de s’apaiser, et la demande d’un audit pourrait bien ouvrir un nouvel épisode dans la relation tendue entre les autorités locales et Météo France.