Démantèlement d’un réseau de faux papiers et comptes Uber Eats entre la France et la Turquie

18 octobre, 2024 / Entrevue

Un réseau sophistiqué de trafic de faux papiers et de création frauduleuse de comptes Uber Eats a été démantelé grâce à une enquête menée sous la direction du parquet de Grenoble. L’opération a conduit à l’arrestation de cinq hommes âgés de 29 à 35 ans, tous impliqués dans une double activité criminelle qui s’étendait entre la France et la Turquie.

Vol de documents d’identité et fabrication de faux papiers

L’affaire a pris de l’ampleur début 2023 lorsque les douanes de l’aéroport Saint-Exupéry à Lyon ont intercepté des colis en provenance de Grenoble, à destination de la Turquie, contenant 32 cartes nationales d’identité et 9 passeports signalés volés en Isère. Les enquêtes ont révélé un vaste réseau structuré, spécialisé dans la collecte de documents volés et leur expédition vers des faussaires turcs, reconnus comme des spécialistes de la falsification d’identités en Europe.

L’organisation criminelle achetait des documents volés, principalement ceux de jeunes hommes, et les envoyait en Turquie. En retour, ils recevaient de faux documents européens, qu’ils revendaient à des étrangers en situation irrégulière en France.

La fraude aux comptes Uber Eats

Parallèlement à ce trafic de faux papiers, les suspects s’étaient engagés dans une fraude impliquant la création de comptes Uber Eats à l’aide de documents falsifiés. Ces comptes, destinés à des étrangers sans-papiers cherchant à travailler en France, étaient vendus entre 1 000 et 1 500 euros chacun. Une soixantaine de comptes frauduleux ont été découverts.

Le chef de ce réseau, un Algérien de 35 ans résidant légalement en France, ouvrait des comptes bancaires fictifs et les utilisait pour gérer les transactions liées à ces activités illégales. Il sous-louait également les comptes Uber Eats à d’autres utilisateurs moyennant 100 euros par semaine.

Une organisation bien rodée

Ce réseau était soutenu par un groupe de rabatteurs, eux aussi en situation irrégulière, qui opéraient principalement à Grenoble, Lyon et dans les Alpes-Maritimes. Ces rabatteurs, agissant comme intermédiaires, proposaient les faux documents et les comptes Uber Eats à des clients contre une commission.

Le 10 octobre 2024, les cinq hommes arrêtés ont été mis en examen pour plusieurs chefs d’accusation, notamment « recel en bande organisée », « aide à l’entrée et au séjour irréguliers d’étrangers », « falsification de documents d’identité » et « blanchiment ». Quatre d’entre eux ont été placés en détention provisoire, tandis que le cinquième est sous contrôle judiciaire.

Ce démantèlement marque une étape importante dans la lutte contre les réseaux criminels qui exploitent les faiblesses des systèmes de contrôle pour favoriser l’immigration clandestine et la fraude.