Barnier à la frontière franco-italienne : Une coopération renforcée face à l’immigration

18 octobre, 2024 / Entrevue

Ce vendredi, le Premier ministre français Michel Barnier se rend à Menton, à la frontière franco-italienne, pour aborder les questions migratoires avec deux ministres du gouvernement italien dirigé par Giorgia Meloni, un cabinet qui allie la droite et l’extrême droite. Accompagné par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, Barnier rencontrera Antonio Tajani, ministre des Affaires étrangères, et Matteo Piantedosi, ministre de l’Intérieur. Ce déplacement symbolique s’inscrit dans un contexte européen où l’immigration est un sujet brûlant, particulièrement après un récent sommet à Bruxelles.

Lors de cette rencontre, qui inclura également une visite à Vintimille, un point névralgique pour les migrants, les dirigeants discuteront des moyens de renforcer la coopération migratoire et transfrontalière. Cette initiative est perçue comme une réponse à la montée des préoccupations migratoires en Europe, où plusieurs pays, dont la France et l’Allemagne, exigent des mesures plus strictes pour lutter contre l’immigration illégale.

Une législation européenne en débat

Les dirigeants européens s’accordent sur la nécessité d’accélérer les expulsions de migrants, même si des désaccords demeurent concernant la proposition italienne d’établir des centres d’accueil dans des pays tiers, notamment en Albanie. Le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré que ces centres ne représentent qu’une « goutte d’eau » et ne sont pas une solution adéquate pour des pays de grande taille, tandis que l’Espagne s’oppose à cette initiative.

Pour sa part, l’Élysée adopte une position prudente, plaidant pour des retours lorsque les conditions le permettent plutôt que de recourir à des « hubs » en dehors des frontières de l’UE. L’évaluation de Michel Barnier sur ce sujet sera particulièrement scrutée, notamment après sa participation à une réunion du Parti populaire européen, qui a récemment aligné ses positions sur celles des partis d’extrême droite en matière d’immigration.

Un contexte politique délicat

Ce déplacement de Barnier vise également à établir un contraste avec l’exécutif précédent, qui avait rencontré des tensions avec Rome. Le gouvernement français espère ainsi renforcer la coopération avec l’Italie, un pays qui se trouve au cœur de la crise migratoire européenne. Une unité de coopération pour l’échange de renseignements sur les réseaux de passeurs de migrants sera créée début 2025, inspirée d’un modèle déjà en place entre la France et le Royaume-Uni.

Barnier, ancien commissaire européen et négociateur du Brexit, cherche à affirmer son engagement sur les questions européennes, considérées comme un « domaine partagé » avec le président Emmanuel Macron. Cette approche pourrait également contribuer à atténuer les divisions internes au sein de son propre gouvernement, notamment sur la question d’une nouvelle loi sur l’immigration promise pour début 2025. Les tensions subsistent, notamment avec les propositions de Bruno Retailleau, qui prônent une approche plus restrictive, alimentant les discussions autour du soutien du Rassemblement national à la stabilité du gouvernement.

Alors que les débats sur l’immigration se intensifient à l’échelle européenne, la visite de Michel Barnier à la frontière franco-italienne marque une étape significative dans la stratégie du gouvernement français. En mettant l’accent sur la coopération avec l’Italie et en cherchant à établir une ligne claire sur les expulsions de migrants, Barnier espère non seulement renforcer les liens bilatéraux mais aussi établir un cadre opérationnel solide pour faire face aux défis migratoires actuels.