Nouvelle baisse des taux de la BCE : l’économie européenne vacille

18 octobre, 2024 / Entrevue

Cette semaine, la Banque centrale européenne (BCE) a de nouveau réduit ses taux directeurs, marquant la troisième baisse depuis le début de l’année. Cette nouvelle décision fait suite à des signes de maîtrise de l’inflation dans la zone euro, mais dans un contexte de stagnation économique inquiétante.

Christine Lagarde, présidente de la BCE, a déclaré que l’institution observe une baisse continue des pressions inflationnistes, ce qui a motivé cette baisse de 25 points de base, ramenant le taux de dépôt à 3,25%. Malgré ces progrès sur le front de l’inflation, l’économie européenne montre des signes préoccupants de faiblesse. L’activité économique est en baisse, le marché du travail s’essouffle, et les perspectives pour les mois à venir s’obscurcissent.

La BCE a fait état de « surprises à la baisse » concernant l’activité économique, des indicateurs de confiance médiocres, ainsi qu’une récession prolongée dans le secteur industriel, pesant sur la croissance. En septembre, l’inflation a ralenti à 1,7%, son plus bas niveau en trois ans, bien en dessous de l’objectif de 2% de la BCE.

Malgré ces données encourageantes sur l’inflation, des divergences subsistent au sein de l’institution. D’un côté, certains économistes craignent que des baisses trop rapides des taux ne déclenchent une inflation domestique excessive. De l’autre, des voix s’élèvent pour affirmer que la croissance est désormais trop faible, et que sans action rapide, l’inflation pourrait chuter en dessous de l’objectif fixé, aggravant la situation économique.

L’euro a réagi négativement à l’annonce, chutant de 0,32% pour atteindre son plus bas niveau en onze semaines face au dollar. Les marchés, quant à eux, anticipent désormais trois nouvelles baisses de taux d’ici mars prochain, alors que la BCE maintient une approche prudente.

La réunion de décembre sera décisive. Si la croissance continue de s’affaiblir, certains économistes n’excluent pas une baisse plus marquée de 50 points de base, bien que le scénario privilégié reste celui d’une réduction graduelle de 25 points.

Christine Lagarde a également exprimé des inquiétudes face à l’incertitude géopolitique, notamment la possibilité de nouvelles barrières douanières entre l’Europe et les États-Unis, et l’impact de la volatilité des prix de l’énergie en raison des conflits au Proche-Orient. « Nous ne voyons pas de récession, mais nous envisageons un atterrissage en douceur », a-t-elle assuré, tout en appelant à des réformes structurelles ambitieuses pour renforcer la compétitivité de l’Europe.

La BCE devra continuer à jongler entre la lutte contre l’inflation et le soutien à une économie européenne en difficulté, tout en restant attentive aux signaux économiques divergents.