Le RN présente son contre-budget : des propositions chocs pour redresser les finances publiques

16 octobre, 2024 / Entrevue

Le Rassemblement National (RN), fidèle à son rôle d’opposition, a dévoilé ce mercredi son contre-budget, en réponse au projet de loi de finances présenté par le gouvernement de Michel Barnier. Jean-Philippe Tanguy, député de la Somme et président délégué du groupe RN, a vivement critiqué la stratégie gouvernementale, accusant l’exécutif de « saupoudrer l’effort fiscal sur l’ensemble de la société », tout en promettant un plan alternatif visant à réaliser 15 milliards d’euros d’économies dès 2025, sans recourir à des hausses d’impôts.

Une refonte des dépenses publiques

Le RN propose plusieurs mesures radicales pour réduire le poids des dépenses publiques. Parmi celles-ci, une taxe de 33 % sur les rachats d’actions, qui permettrait de générer 8,8 milliards d’euros de recettes supplémentaires. Jean-Philippe Tanguy évoque également la fin des « subventions aux énergies intermittentes », telles que le solaire et l’éolien, qui rapporteraient 6 milliards d’euros. Dans le même temps, le parti souhaite réduire la contribution de la France à l’Union européenne (-5 milliards d’euros) et l’aide publique au développement (-2,34 milliards d’euros).

Sur le plan social, le RN entend transformer l’Aide Médicale d’État (AME), destinée aux étrangers en situation irrégulière, en une aide médicale d’urgence. De plus, la prime d’activité serait réservée uniquement aux citoyens français, pour une économie d’environ 1 milliard d’euros.

La fiscalité revue pour soutenir l’investissement

Le contre-budget du RN prévoit également un rééquilibrage fiscal. Tout en refusant de toucher aux allègements de cotisations patronales, que le gouvernement souhaite réduire, le parti de Marine Le Pen propose de créer un impôt sur la fortune financière (IFF) pour remplacer l’actuel impôt sur la fortune immobilière (IFI), avec un gain espéré de 3 milliards d’euros. Ce nouvel impôt viserait spécifiquement les grandes fortunes financières, dans un objectif affiché de justice sociale.

En matière de taxation des entreprises, le RN souhaite imposer une surtaxation des superdividendes, définis comme des versements supérieurs de 20 % à la moyenne des dix dernières années, ainsi qu’une taxation à hauteur de 33 % des rachats d’actions, au lieu de 8 % comme proposé par le gouvernement. Selon le parti, ces mesures permettraient de réorienter l’économie vers l’investissement productif, au lieu d’encourager les pratiques spéculatives.

Une opposition déterminée face au gouvernement

Le RN se positionne résolument contre plusieurs mesures du gouvernement, telles que la désindexation partielle des pensions de retraite ou la suppression de 4 000 postes d’enseignants. À l’inverse, il propose de rétablir 2 000 de ces postes et d’augmenter les budgets de l’Intérieur, de la Justice et de la Recherche.

Jean-Philippe Tanguy n’exclut pas de voter une motion de censure contre le gouvernement si celui-ci choisit de passer en force en utilisant l’article 49.3. « Si le gouvernement persiste dans cette voie, la question de la censure se posera », a-t-il prévenu, tout en insistant sur le fait que la décision finale reviendra à Marine Le Pen et Jordan Bardella.

En présentant ce contre-budget, le RN entend non seulement proposer une alternative crédible à la gestion des finances publiques, mais aussi se poser en véritable défenseur des classes populaires et des entrepreneurs, face à ce qu’il considère comme des choix budgétaires inadaptés du gouvernement actuel.