Bruno Retailleau : « un joint a le goût du sang », une offensive contre le narcobanditisme est lancée

16 octobre, 2024 / Entrevue

La veille à Nanterre, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a appelé à une « stratégie globale » pour éradiquer le narcobanditisme, s’inspirant des méthodes éprouvées dans la lutte contre le terrorisme. Lors d’une conférence de presse, derrière lui une saisie d’une tonne de cannabis effectuée par les enquêteurs, il a souligné la nécessité d’une « volonté politique forte » et d’un « arsenal législatif robuste » pour endiguer la violence liée aux trafics de drogue qui menacent « certaines parties du territoire » et, par extension, la souveraineté de l’État.

Retailleau a également repris les conclusions d’une commission d’enquête sénatoriale de mai dernier, critiquant son prédécesseur, Gérald Darmanin, pour avoir sous-estimé la gravité du phénomène. Si Darmanin avait qualifié cette lutte de « mère de toutes les batailles », les résultats demeuraient en demi-teinte. Désormais, Retailleau veut transformer cette lutte en un « combat national » en mettant en lumière la profonde menace que représente le narcobanditisme pour les institutions, et en rappelant que « la racine de l’hyperviolence » se trouve dans ces réseaux criminels.

Parmi ses propositions figurent la création d’un parquet national anti-stupéfiants, calqué sur le modèle du parquet national antiterroriste (PNAT), ainsi que l’instauration d’un statut pour les repentis et d’un cadre légal pour les indicateurs. Ces mesures faisaient partie des trente recommandations présentées par la commission d’enquête, présidée par le sénateur socialiste Jérôme Durain, et rapportée par le sénateur LR Étienne Blanc. Retailleau a insisté sur le fait qu’il était possible de « rassembler les bonnes volontés » pour combattre ce fléau.

Il a également appelé à une action coordonnée sous la direction du Premier ministre Michel Barnier, indiquant que cette lutte dépassait les compétences du seul ministère de l’Intérieur. Selon lui, il est impératif de changer « non seulement de degré, mais de nature » dans la lutte contre les trafics, en insistant sur l’importance de frapper les réseaux criminels « au portefeuille » en saisissant leurs biens.