Économie en guerre : Israël rebondit, la Palestine s’effondre après un an de conflit

07 octobre, 2024 / Entrevue

Ce lundi marque l’anniversaire tragique des attaques terroristes perpétrées par le Hamas, qui ont secoué Israël le 7 octobre 2023, entraînant la mort de plus de 1 200 civils israéliens. En réponse, Israël est entré en guerre contre la bande de Gaza, une opération militaire qui s’est étendue au Liban et qui a créé des répercussions économiques majeures pour le pays.

Un impact économique sévère mais une reprise en vue

Le quatrième trimestre de 2023 a vu le PIB israélien chuter brutalement de 21 % en rythme annuel, signe des répercussions immédiates de la guerre. Pourtant, au début de l’année 2024, une reprise encourageante s’est dessinée, avec une croissance de 14 % au premier trimestre. Le deuxième trimestre, toutefois, a montré un ralentissement, avec une croissance limitée à 0,7 %.

Pour l’ensemble de l’année 2024, la Banque d’Israël prévoit une croissance de 1,5 %, un signe de résilience malgré les combats qui continuent sur deux fronts : à Gaza et au Liban.

Certaines industries clés ont particulièrement souffert. Le tourisme, secteur crucial de l’économie israélienne, a vu son nombre de visiteurs divisé par quatre entre janvier et juillet 2024, ce qui représente une perte considérable de revenus. L’agriculture et la construction, qui représentent ensemble plus de 10 % du PIB, ont également été gravement affectées par des pénuries de main-d’œuvre. En effet, la guerre a conduit à l’arrêt des permis de travail pour les Palestiniens, aggravant ainsi les problèmes de main-d’œuvre dans ces secteurs.

Malgré ces difficultés, l’économie israélienne conserve certains moteurs de croissance. Le secteur technologique, pilier de la « Start-up Nation », a montré une résistance remarquable avec des investissements en hausse. De plus, l’industrie militaire tourne à plein régime, un secteur qui, bien que créateur d’emploi et d’activité, alourdit également les déficits publics.

Le coût de la guerre est estimé à 65 milliards de dollars d’ici 2025, creusant le déficit public israélien, qui a atteint 8,3 % en août 2024, bien au-dessus des objectifs du gouvernement. En réponse, des mesures fiscales, comme l’augmentation de la TVA, ont été mises en place dès janvier 2024, dans un contexte où la vie en Israël est déjà considérée comme très chère.

Les agences de notation réagissent à la situation sécuritaire

Les agences de notation internationales ont ajusté leurs prévisions face à l’instabilité persistante. S&P, Moody’s et Fitch ont abaissé la note de crédit d’Israël à plusieurs reprises ces dernières semaines. S&P, par exemple, a dégradé la note d’Israël de A+ à A en avril, tout en adoptant une perspective négative. Cette décision s’explique par les risques accrus liés à l’escalade du conflit avec le Hezbollah au Liban, un facteur qui pourrait ralentir encore davantage la reprise économique.

En conséquence, S&P prévoit désormais une stagnation de la croissance en 2024, suivie d’une légère amélioration à 2,2 % en 2025, bien en deçà des prévisions initiales de +5 %.

Malgré ces défis, l’économie israélienne montre une résilience impressionnante après un an de guerre. Le pays continue de se battre sur plusieurs fronts tout en maintenant une certaine stabilité économique, notamment grâce à son secteur technologique et à son industrie de défense. Toutefois, la fragilité des secteurs clés, la baisse de la croissance et les prévisions pessimistes des agences de notation laissent présager que les défis économiques d’Israël sont loin d’être résolus.

Une économie palestinienne dévastée

De l’autre côté du conflit, la situation est bien plus dramatique. Le Fonds Monétaire International (FMI) a révélé que l’économie de Gaza a chuté de 86 % au premier semestre 2024, tandis que celle de Cisjordanie a reculé de 25 %. Les bombardements israéliens, en réponse aux attaques du Hamas, ont gravement endommagé les infrastructures économiques des territoires palestiniens, exacerbant une crise humanitaire et socio-économique déjà profonde.

Le conflit s’étend également au Liban, où Israël a intensifié ses bombardements contre le Hezbollah depuis septembre 2024. Selon des chiffres officiels, plus de 1 928 personnes ont été tuées au Liban depuis le début des hostilités en octobre 2023, renforçant les inquiétudes internationales quant à une possible escalade régionale.

L’économie israélienne est donc confrontée à une série de défis majeurs, qui ne se limitent pas aux impacts immédiats de la guerre. Les incertitudes sécuritaires, les tensions économiques et les risques d’un conflit prolongé au Liban font peser de lourdes menaces sur la stabilité future du pays.