Pourquoi « La Jeune Fille à la perle » de Vermeer fascine tant ? Les scientifiques percent le mystère

06 octobre, 2024 / Alice Leroy

« La Jeune Fille à la perle » de Johannes Vermeer, chef-d’œuvre emblématique de la peinture hollandaise, a depuis longtemps captivé les spectateurs et suscité l’admiration des critiques. Désormais, les neuroscientifiques savent pourquoi ce tableau hypnotise autant. Une étude menée par des chercheurs du musée Mauritshuis de La Haye, qui abrite l’œuvre, révèle que le tableau déclenche une « boucle d’attention soutenue » dans le cerveau des observateurs, les conduisant à suivre un chemin précis : de l’œil de la jeune fille à sa bouche, vers la perle de son oreille, avant de revenir à l’œil. Ce phénomène neurologique, nommé « Sustained Attentional Loop », incite le regard à circuler sans cesse, rendant le tableau irrésistible. L’étude, utilisant les technologies d’électroencéphalogramme (EEG) et d’imagerie par résonance magnétique (IRM), a également révélé une forte activation du précuneus, région cérébrale liée à la conscience et à l’identité personnelle.

Les chercheurs ont comparé les réactions cérébrales des participants face à l’original du tableau et à des reproductions. Ils ont constaté que l’émotion ressentie était dix fois plus intense devant l’œuvre authentique. Martine Gosselink, directrice du Mauritshuis, estime que ces résultats soulignent l’importance de voir des œuvres d’art originales. Selon elle, ce qui distingue « La Jeune Fille à la perle » des autres peintures de Vermeer, c’est sa composition unique avec trois points de focalisation : l’œil, la bouche et la perle. Cette spécificité engendre un mouvement visuel perpétuel qui emprisonne littéralement l’attention du spectateur, créant un lien émotionnel fort et durable.

Les découvertes des neuroscientifiques pourraient conduire à de nouvelles études sur d’autres œuvres célèbres, comme la Joconde de Léonard de Vinci, parfois surnommée la « Joconde du Sud » en opposition à « La Jeune Fille à la perle », considérée comme la « Joconde du Nord ». La fascination exercée par ce tableau repose non seulement sur sa technique et sa composition, mais aussi sur un mystérieux pouvoir neurologique. Un pouvoir que les scientifiques commencent à peine à décrypter, laissant entrevoir de nouvelles perspectives sur l’impact de l’art sur notre cerveau.