« Niki » : le parcours bouleversant de Niki de Saint Phalle au cinéma

06 octobre, 2024 / Alice Leroy

Pour son premier long-métrage, Céline Sallette nous plonge dans la vie tourmentée de la plasticienne Niki de Saint Phalle à travers un biopic captivant. Porté par l’actrice canadienne Charlotte Le Bon, le film retrace la transformation de l’artiste, de ses débuts comme mannequin jusqu’à sa reconnaissance internationale dans le milieu artistique des années 60. Présenté au Festival de Cannes dans la section « Un Certain Regard », « Niki » dévoile avec intensité la résilience d’une femme marquée par les abus subis durant son enfance et qui a choisi l’art comme moyen d’expression et de libération.

Le film s’intéresse à la période charnière de la vie de Niki de Saint Phalle, de 1952 à 1960, alors qu’elle s’installe à Paris avec son mari, l’écrivain Harry Mathews. Rongée par des traumatismes, elle traverse des moments de détresse qui la mènent à être hospitalisée à Nice en 1953. Là, confrontée à des traitements brutaux tels que l’électrochoc, Niki trouve peu à peu une échappatoire dans la création artistique. C’est à travers ses fameuses performances des « Tirs », consistant à tirer à la carabine sur ses œuvres, qu’elle parvient à exorciser sa douleur et à affirmer sa voix dans un milieu dominé par les hommes.

La rencontre décisive avec le sculpteur Jean Tinguely, interprété par Damien Bonnard, va également jouer un rôle central dans l’épanouissement artistique de Niki. Ensemble, ils développeront un partenariat artistique et amoureux qui l’encouragera à dépasser les conventions et à imposer ses créations. Céline Sallette choisit de raconter cette renaissance artistique avec une sensibilité marquée, mêlant chapitres intimes et performances saisissantes, reflétant ainsi la dualité entre la fragilité et la force de l’artiste.

Si Céline Sallette a pris soin de respecter l’histoire de la créatrice des célèbres « Nanas », elle s’offre aussi la liberté d’interpréter son parcours en jouant sur les lumières et les décors, recréant les émotions tumultueuses qui habitaient Niki. Le résultat est un hommage vibrant à une femme qui, malgré ses souffrances, a réussi à se « faire naître » à travers l’art, en s’affranchissant des cicatrices de son passé pour devenir une figure emblématique du féminisme et du mouvement du Nouveau Réalisme.