La PS dépose la première motion de censure contre Michel Barnier, un revers sans issue

04 octobre, 2024 / Entrevue

Ce vendredi 4 octobre, le Nouveau Front Populaire (NFP) par la voix du Parti socialiste a déposé une motion de censure à l’encontre du gouvernement dirigé par Michel Barnier. L’objectif est clair : renverser un Premier ministre dont la nomination est perçue comme un « revers des résultats des élections législatives » de juin dernier, qui avaient vu la coalition de gauche devancer de peu les macronistes et le Rassemblement National (RN).

Un texte symbolique sans réel espoir de succès

Portée par les 192 députés du NFP, cette première motion sera défendue mardi par le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure. Bien que soutenue par l’ensemble des élus écologistes, communistes, socialistes et Insoumis, la motion a très peu de chances d’aboutir. Le RN, dont le vote serait décisif pour faire tomber le gouvernement, a d’ores et déjà annoncé son refus de soutenir cette initiative. « Nous jugerons ce gouvernement sur ses actes, pas sur des postures infantiles », a déclaré Marine Le Pen, présidente du groupe RN, rejetant toute censure « a priori ». Ces déclarations condamnent ainsi l’issue du texte, mais marquent un premier affrontement formel entre la gauche et le gouvernement Barnier.

La motion déposée par la gauche va au-delà du simple rejet politique. Elle remet en cause la légitimité même de la nomination de Michel Barnier, jugée contraire aux résultats des dernières législatives. Selon les signataires, c’est Lucie Castets, candidate proposée par le NFP, qui aurait dû être appelée à Matignon, la coalition ayant remporté la majorité relative. « Le président de la République aurait dû nommer une personnalité de la majorité et laisser cette personne chercher des majorités à l’Assemblée », explique le texte.

Les critiques ne s’arrêtent pas là. La gauche attaque également les « orientations politiques » du gouvernement, notamment son refus de revenir sur la réforme des retraites de 2023, et ses plans budgétaires qualifiés d’ »austéritaires ». Michel Barnier est aussi accusé de manquer d’ambition sur les questions climatiques, avec des promesses jugées « creuses » et inefficaces face aux urgences environnementales.

Un premier test avant les débats budgétaires

Si cette motion est vouée à l’échec, elle pourrait néanmoins marquer le début d’une opposition plus frontale à l’approche des débats sur le budget, où Michel Barnier a déjà annoncé qu’il n’hésiterait pas à utiliser l’article 49.3 pour faire passer les textes. « Le moment de vérité arrivera lors de l’examen du budget », prévient Cyrielle Chatelain, présidente du groupe écologiste. Les critiques sont d’autant plus vives que certaines voix, y compris à droite, accusent le gouvernement de s’appuyer sur un « soutien tacite » du RN pour gouverner.

En attendant, Michel Barnier bénéficie d’un répit temporaire, mais le climat politique reste tendu. Les enjeux à venir, notamment sur la loi de finances, pourraient bien être décisifs pour la survie de son gouvernement.