EXCLU – Didier Raoult interdit d’exercer la médecine : le trouble jeu du Conseil de l’Ordre des médecins

04 octobre, 2024 / Jerome Goulon

Ce jeudi, on a appris que Didier Raoult avait reçu l’interdiction d’exercer la médecine pendant deux ans, et ce à compter du 1er février 2025. Une décision prise en appel par la chambre disciplinaire nationale du Conseil de l’Ordre des médecins, alors qu’en première instance, le professeur n’avait reçu qu’un simple blâme. Une sanction jugée trop légère pour le Conseil de l’Ordre, et qui a donc été très fortement alourdie.

Pour rappel, tout avait commencé début novembre 2020. Le Conseil national de l’Ordre des Médecins avait lancé des poursuites contre Didier Raoult pour violation de la confraternité, information erronée du public et exposition à un risque injustifié et charlatanisme. Cette procédure faisait suite à une série de signalements, des médecins hospitaliers ayant déploré la « surmédiatisation » de Didier Raoult.

Si la sanction peut paraître extrêmement sévère, les poursuites dont ont fait l’objet Didier Raoult ne sont pas une réelle surprise : depuis le début de la crise liée au coronavirus, le professeur marseillais a été attaqué de toute part, et certains semblent prêts à tout pour le décrédibiliser ou le faire tomber. Critiqué pour avoir prôné l’hydroxychloroquine contre le Covid-19, Didier Raoult, qui dénonce les conflits d’intérêts dans l’industrie pharmaceutique et le lobbying exercé par Big Pharma, semble clairement déranger en haut-lieu. Preuve en est : la plainte initiale du du Conseil de l’Ordre des Médecins pour charlatanisme qui semble disproportionnée. Un Ordre des Médecins impitoyable et très réactif avec les docteurs qui ne sont pas dans ses petits papiers, comme le professeur Raoult, mais qui semble parfois fermer bizarrement les yeux sur des erreurs médicales gravissimes, ou alors les ouvrir de façon extrêmement tardive. Entrevue s’étonne, exemples à la clé, de cette indignation sélective et du deux poids, deux mesures…

Erreurs médicales : quand le Conseil National de l’Ordre des Médecins semble fermer les yeux

La Clinique du sport
Le scandale de la Clinique du sport illustre l’impunité dont semblent jouir certains médecins, ou du moins l’étonnante lenteur du Conseil de l’Ordre à réagir, à l’opposé de son extrême rapidité dont il a fait preuve pour Didier Raoult. Entre 1988 et 1993, 58 patients y ont contracté une grave infection avec de lourdes séquelles invalidantes : les outils étaient rincés à l’eau courante non stérilisée… Le chirurgien Didier Bornert et le directeur, Pierre Sagnet, n’ont été condamnés en appel que le 12 juin 2013, plus de 20 ans après les faits ! Et une victime a attendu juillet 2013 pour obtenir 560 000 € de dommages et intérêts.

Mathéo, victime d’une erreur médicale
Janvier 2012, un chirurgien de la Polyclinique de Franche-Comté, Olivier Destuynder, a été condamné à un mois de prison avec sursis et 5 000 euros d’amende pour une erreur commise… en 2004 ! Non inquiété par le Conseil de l’Ordre des médecins, il a entre-temps pu exercer librement et en toute impunité. Il a pourtant détruit la vie d’un bébé de neuf mois, en lui enlevant un rein sain, alors qu’il devait lui retirer l’autre rein. L’enfant vit aujourd’hui sous dialyse…

L’acharné du bistouri
Le cas du Docteur Gilles Colnet illustre l’apathie du Conseil de l’Ordre des médecins quand certains gros intérêts ne sont pas en jeu. Ce neurochirurgien, spécialiste de la colonne vertébrale, a reçu plus de 100 plaintes. Depuis 1994, ses patients l’accusaient de diagnostics erronés, de techniques inappropriées et d’interventions inutiles. Deux d’entre elles sont décédées. Malgré des erreurs gravissimes, ses pairs refusaient de le radier à vie. Une sanction qui tombera finalement en avril 2005, sous la pression des victimes…

La honte
L’un des plus grands scandales médicaux reste celui des hormones de croissance, où sept médecins ont été accusés d’homicide involontaire et tromperie. Entre 1982 et 1986, leurs expériences, pour aider 1 698 enfants à grandir, ont conduit 117 d’entre eux à la mort. En 2011, les médecins ont pourtant été relaxés faute de preuves. Selon un avocat, les pontes du Conseil de l’Ordre auraient tout fait pour étouffer l’affaire et protéger les médecins. Un scandale dans le scandale en somme…

Quand le Conseil National de l’Ordre des Médecins semble protéger certains de ses pairs

L’immunité
Autre affaire marquante : celle de la famille Birembaux. En 2004, les parents amènent leur fille Amélie, 9 ans, à la Clinique Montréal, à Carcassonne, pour une appendicite. Le chirurgien perfore une artère. Les deux autres médecins présents interprètent mal le scanner de l’hémorragie. L’enfant meurt. La justice reconnaît l’erreur médicale. En 2006, le docteur Cohen est suspendu 12 mois. Mais finalement, le Conseil de l’Ordre des Médecins annulera la sanction… Autre affaire marquante : celle de la famille Birembaux. En 2004, les parents amènent leur fille Amélie, 9 ans, à la Clinique Montréal, à Carcassonne, pour une appendicite. Le chirurgien perfore une artère. Les deux autres médecins présents interprètent mal le scanner de l’hémorragie. L’enfant meurt. La justice reconnaît l’erreur médicale. En 2006, le docteur Cohen est suspendu 12 mois. Mais finalement, l’Ordre des Médecins annule la sanction, ainsi que celle prise contre un autre praticien présent lors du drame… 

Le mort-né
En décembre 2010, Jean-Luc et Corine Vuoso se rendent à la maternité d’Arles pour la naissance de leur enfant. Le gynécologue veut reporter l’accouchement, malgré les objections de la mère. Le 2 janvier 2011, Corine Vuoso retourne à la maternité, mais elle accouche d’un mort-né. La plainte des parents est classée sans suite, le fœtus n’étant pas considéré comme un être humain. Le gynécologue, de son côté, ne sera jamais inquiété par le Conseil de l’Ordre…

Le drame
Le 29 juillet 2000 à Cagnes-sur-Mer, Toufic Seklaoui procède à l’accouchement du petit Philippe Giardina. Le bébé présente une excroissance du crâne. Le docteur refusant la césarienne utilise alors des spatules. L’enfant manque d’oxygénation et né infirme moteur et cérébral. Juillet 2012, la justice condamne le médecin niçois à 13 000 € d’amende. Les parents l’attaquent devant le Conseil de l’Ordre des Médecins, mais Seklaoui ne reçoit qu’un simple blâme. Une sanction bien moins sévère que celle prise contre Didier Raoult…

Le pervers
Gilbert Tordjman était une star de la sexologie. Il distillait d’ailleurs ses précieux conseils sur l’antenne de RTL dans les années 1990. Mais en 1994, l’une de ses patientes transmet une lettre au Conseil de l’Ordre des Médecins, l’accusant d’abus sexuels. Peine perdue… Par la suite, 7 plaintes et 33 témoignages accableront le docteur. Certaines l’accusant de viol depuis 1988 ! Et c’est en 2002, que la justice l’interdira d’exercer. Quid du Conseil de l’Ordre ? À l’époque, il n’a infligé à Tordjman qu’un léger blâme…