Le mot « Violeur » tagué sur le portrait de l’abbé Pierre de la « Fresque des Lyonnais »

30 septembre, 2024 / Alice Leroy

Le portrait de l’abbé Pierre, figure iconique de la « Fresque des Lyonnais », a été vandalisé ce week-end, avec le mot « Violeur » inscrit en grandes lettres noires à ses côtés et un bandeau rouge barrant ses yeux. Ces dégradations ont été observées par un journaliste de l’AFP ce lundi 30 septembre dans le 1er arrondissement de Lyon, où la fresque murale rend hommage aux personnalités historiques et contemporaines de la ville.

Réalisée par la coopérative CitéCréation, la fresque monumentale, qui occupe tout un immeuble, est devenue un lieu emblématique de la capitale des Gaules, attirant chaque année des milliers de visiteurs. L’abbé Pierre, figure de proue de la lutte contre le mal-logement et fondateur d’Emmaüs, y côtoie d’autres figures lyonnaises telles que Paul Bocuse et Frédéric Dard. Depuis la publication d’accusations de violences sexuelles à son encontre, son inclusion dans cette œuvre publique suscite un débat intense.

Le vandalisme du week-end intervient alors que plusieurs villes françaises ont décidé de débaptiser les lieux portant le nom d’Henri Grouès, plus connu sous le nom d’abbé Pierre. Lyon n’échappe pas à cette polémique : la mairie, en collaboration avec CitéCréation, avait évoqué il y a quelques semaines l’idée d’apposer un panneau explicatif à côté du portrait pour contextualiser les révélations. « La ville de Lyon est prête à soutenir le retrait de l’abbé Pierre de cette fresque, mais cette décision nécessite une concertation avec l’ensemble des parties prenantes », avait alors précisé la municipalité.

Ces dégradations surviennent dans un contexte de remise en question plus large de l’héritage laissé par l’abbé Pierre, décédé en 2007. En réponse à ces accusations, la ville de Lyon a déjà retiré son nom de plusieurs lieux publics, et la place Abbé-Pierre, située dans le 9e arrondissement, a été renommée plus tôt ce mois-ci.

« Nous comprenons l’indignation suscitée par les révélations, mais nous déplorons que ce mécontentement se manifeste par des actes de vandalisme », a réagi la municipalité. Si le retrait de l’abbé Pierre de la fresque n’est pas encore acté, la mairie assure qu’une décision sera prise prochainement en concertation avec CitéCréation et les copropriétaires de l’immeuble.

En France, environ 150 lieux portent encore le nom de l’abbé Pierre. À Lyon, la fresque des Lyonnais pourrait bien devenir le prochain symbole d’un débat plus vaste sur la mémoire collective et la représentation publique de figures historiques controversées.

Alice Leroy