La Norvège met fin à l’asile automatique pour les réfugiés ukrainiens

30 septembre, 2024 / Entrevue

Le gouvernement norvégien a annoncé, le 27 septembre 2024, la fin de l’asile automatique pour tous les réfugiés ukrainiens, marquant ainsi un tournant majeur dans sa politique migratoire. Cette décision, entrée en vigueur immédiatement, met un terme à la « protection collective » instaurée peu après le début de l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022.

Un changement de cap

Jusqu’à présent, la Norvège, un pays de 5,6 millions d’habitants, avait accueilli environ 85 000 Ukrainiens, un chiffre supérieur à celui de ses voisins nordiques. La ministre norvégienne de la Justice, Emilie Enger Mehl, a justifié ce changement en évoquant l’impact croissant de cet afflux sur le logement, les services de santé et les établissements scolaires. De plus, elle a souligné qu’une proportion significative des réfugiés étaient des hommes en âge de combattre, un facteur qui complique davantage la situation alors que l’Ukraine peine à recruter des soldats.

À partir de maintenant, les demandes d’asile seront examinées au cas par cas, mais seulement pour les Ukrainiens arrivant de l’ouest du pays, considéré comme « sûr » en raison de son éloignement du front. Les régions concernées comprennent Lviv, Volhynie, Transcarpatie, Ivano-Frankivsk, Ternopil et Rivne.

Des réactions attenantes

La décision de la Norvège survient dans un contexte de tensions croissantes au sein de l’Union européenne concernant les politiques d’accueil des migrants. Alors que la Norvège, par le passé, avait pris des mesures pour encourager l’intégration des réfugiés en facilitant leur accès à l’emploi, le pays cherche maintenant à limiter le nombre d’arrivées afin de gérer la situation plus efficacement.

En comparaison, d’autres pays nordiques, tels que la Suède et la Finlande, ont accueilli respectivement environ 43 000 et 63 000 réfugiés ukrainiens, soulignant ainsi la pression exercée sur la Norvège.

Un contexte migratoire complexe

La question de l’immigration et de l’asile demeure un sujet de débat intense en Europe. En 2023, la Norvège comptait environ 877 000 migrants, un chiffre en hausse, aggravé par la guerre en Ukraine. Face à cette situation, plusieurs pays nordiques, y compris le Danemark et l’Islande, ont convenu de mesures pour faciliter l’expulsion des migrants en situation irrégulière.

Cette évolution s’inscrit dans un cadre plus large de tensions politiques autour de la gestion de l’immigration, où des pays comme la Hongrie plaident pour une approche nationale face aux règles de l’UE. Alors que certains pays, comme les Pays-Bas, cherchent à adapter leur politique d’asile, la Norvège fait face à un véritable casse-tête dans la gestion des demandes d’asile et de l’accueil des réfugiés.

La fin de l’asile automatique pour les Ukrainiens pourrait ainsi avoir des répercussions sur la dynamique migratoire en Europe, exacerbant les débats autour de la solidarité et de la responsabilité partagée entre les pays membres.