San Sebastian : le documentaire controversé d’Albert Serra sur la tauromachie décroche la Coquille d’or

30 septembre, 2024 / Alice Leroy

Le documentaire Tardes de soledad du réalisateur catalan Albert Serra a reçu la Coquille d’or, la plus haute distinction du festival international de San Sebastian. Ce prix a été attribué malgré les vives critiques émises par plusieurs associations de défense des animaux, qui reprochent au film de présenter une vision trop « romancée » de la corrida. Serra a remercié le festival pour son soutien, déclarant : « Je voudrais remercier le festival pour avoir sélectionné le film, malgré les pressions exercées par des organisations de défense des animaux » (AFP).

Le film suit le parcours du torero péruvien Andrés Roca Rey, offrant une immersion au cœur de son quotidien, de sa préparation jusqu’à la fin de la corrida. Serra n’élude pas la mise à mort des taureaux, un choix qui a alimenté la polémique autour du film. Pacma, le principal parti espagnol de défense des droits des animaux, a tenté de faire retirer Tardes de soledad de la compétition, estimant qu’il contribuait à glorifier « une tradition cruelle ». Lors de la projection officielle, le documentaire a cependant été longuement applaudi.

En marge de la polémique, le festival a également mis en avant des œuvres dénonçant des problématiques sociales actuelles. Le prix de la meilleure réalisation a été décerné ex aequo à deux films engagés : On Falling de la Portugaise Laura Carreira, qui décrit l’aliénation dans un entrepôt de commerce en ligne, et El llanto de l’Espagnol Pedro Martín Calero, un thriller horrifique centré sur le deuil et la culpabilité. François Ozon, avec son film Quand vient l’automne, a remporté le prix du meilleur scénario et celui de la meilleure interprétation dans un second rôle, récompensant l’acteur Pierre Lottin.

Le festival a également exprimé un soutien appuyé au cinéma argentin, fragilisé par les récentes mesures d’austérité. Le prix du meilleur film latino-américain a été attribué à El jockey, de Luis Ortega. L’acteur Nahuel Pérez Biscayart, venu recevoir le prix au nom de l’équipe, a dénoncé la politique du président Javier Milei, affirmant que le cinéma argentin restait « déterminé à ne pas se laisser détruire ».

Avec ce palmarès varié, San Sebastian a montré sa capacité à défendre un cinéma audacieux et engagé, tout en assumant de donner une tribune à des œuvres qui suscitent le débat.

Alice Leroy