Violences sexuelles : le pape François appelle l’Église à « avoir honte et demander pardon »

27 septembre, 2024 / Entrevue

Le pape François a réaffirmé, ce vendredi à Bruxelles, que l’Église catholique devait « avoir honte et demander pardon » pour les violences sexuelles commises par des membres du clergé, particulièrement sur des mineurs en Belgique. Ces déclarations fortes interviennent alors que la visite du souverain pontife, entamée la veille, suscite d’importantes attentes de la part des victimes.

« C’est notre honte et notre humiliation »

Dans un discours prononcé au château de Laeken devant les autorités belges, François, 87 ans, a exhorté l’Église à affronter ces crimes avec « humilité chrétienne » et à tout faire pour qu’ils ne se reproduisent pas. « L’Église doit avoir honte et demander pardon », a insisté le pape, improvisant même son discours. Il a souligné que même un seul cas d’abus serait suffisant pour plonger l’institution dans la honte, et que l’Église devait réparer ces fautes en écoutant les victimes et en mettant en place des mesures concrètes de prévention à l’échelle mondiale.

Cette prise de parole survient dans un climat tendu, où de nombreuses victimes dénoncent une « omerta » persistante, entravant leur quête de justice. Un documentaire diffusé en Belgique à l’automne 2023 avait ravivé le débat public, en mettant en lumière le silence de l’Église face à ces abus.

Rencontres avec des victimes et appels à des réformes

Le pape François doit rencontrer en privé, à la nonciature de Bruxelles, quinze victimes d’abus sexuels commis par des membres du clergé. Ces entretiens, organisés « en toute discrétion » selon l’Église belge, visent à offrir un espace d’écoute à ceux qui ont longtemps été réduits au silence.

Des victimes, dans une lettre ouverte publiée début septembre dans Le Soir, ont demandé au pape d’adopter des mesures plus radicales, dont un processus de réparation financière et une réflexion sur le célibat des prêtres. Elles appellent également à renforcer la libération de la parole, un chantier qu’elles estiment à peine entamé.

Scandales et réformes : une confiance entamée

Le Premier ministre belge, Alexander De Croo, a également reconnu les « blessures profondes » causées par les abus sexuels et les adoptions forcées, un autre scandale impliquant des institutions religieuses. Entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et les années 1980, de nombreuses jeunes femmes, souvent victimes de viols ou d’incestes, ont été forcées de donner leurs enfants en adoption, avec la complicité d’ordres religieux.

Ces multiples affaires ont, selon De Croo, « gravement entamé la confiance » des Belges dans l’Église catholique. De son côté, le roi Philippe a salué l’« intransigeance » du pape, notamment en ce qui concerne la levée du secret pontifical et l’obligation pour les religieux de signaler les abus.

Malgré les efforts du pape, qui a déjà pris plusieurs mesures comme la création d’une commission pour la protection des mineurs et la levée du secret pontifical, les critiques persistent. Les victimes continuent de dénoncer une justice incomplète et un manque de réformes plus structurelles.

Le pape François doit conclure sa visite en Belgique par une messe au stade Roi-Baudouin, prévue dimanche, en présence de plus de 35 000 fidèles. Avant cela, il s’entretiendra avec des universitaires à Louvain sur des sujets touchant à la migration et à l’accueil des réfugiés.