La dette française dépasse les 3 228 milliards d’euros : une situation préoccupante

27 septembre, 2024 / Entrevue

La dette publique de la France a atteint un nouveau sommet inquiétant, franchissant les 3 228,4 milliards d’euros à la fin du deuxième trimestre 2024, selon les dernières données de l’Insee publiées ce matin. Cette dette représente désormais 112 % du PIB, un niveau record qui rappelle la profonde détérioration des finances publiques. En seulement sept ans, l’ardoise s’est alourdie de plus de 900 milliards d’euros, suscitant de nouvelles interrogations sur la soutenabilité de cette spirale de l’endettement.

Une envolée historique et continue

Depuis le début des années 2000, la dette publique française n’a cessé de grimper. Le seuil symbolique des 1 000 milliards d’euros a été dépassé en 2003, celui des 2 000 milliards en 2013, et enfin celui des 3 000 milliards en 2023. En vingt ans, la dette est ainsi passée de 1 082 milliards en 2004 à plus de 3 228 milliards aujourd’hui. Les facteurs principaux de cette flambée sont multiples : la crise financière de 2008, la pandémie de Covid-19 et les mesures du « quoi qu’il en coûte » qui ont ajouté 560 milliards d’euros entre 2019 et 2022. Depuis la fin de la pandémie, la tendance ne s’est pas inversée, avec une hausse supplémentaire de 275 milliards d’euros.

Le tableau s’assombrit davantage avec la comparaison européenne. À 110,8 % du PIB au premier trimestre 2024, la France fait figure de mauvais élève au sein de l’Union européenne, se classant juste derrière la Grèce et l’Italie. Alors que plusieurs pays européens comme la Grèce, le Portugal ou encore Chypre parviennent à réduire leur endettement, la France peine à inverser la tendance.

Cette situation est d’autant plus préoccupante que la remontée des taux d’intérêt accentue la charge de la dette. Il est désormais plus coûteux pour la France de se financer sur les marchés financiers que pour des pays traditionnellement moins solides, comme la Grèce ou l’Espagne. Le taux d’emprunt à 5 ans de la France dépasse désormais celui de la Grèce, un phénomène inédit qui souligne la méfiance grandissante des investisseurs envers la situation politique et économique de l’Hexagone.

Cette envolée des taux s’explique en partie par l’instabilité politique qui règne depuis la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron et la nomination tardive de Michel Barnier au poste de Premier ministre. Le manque de clarté sur la gestion budgétaire et la hausse du déficit public, qui pourrait dépasser 6 % du PIB en 2024, contribuent à cette incertitude.

Les appels à une maîtrise de la dette

Face à ces défis, les voix s’élèvent pour appeler à des mesures immédiates. François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a récemment averti que les seuls intérêts de la dette coûteraient bientôt plus cher que le budget alloué à l’éducation. Il a recommandé une combinaison de réductions de dépenses et de hausses d’impôts ciblées pour freiner l’emballement des finances publiques.

De son côté, Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, a exhorté le gouvernement à réduire la dépense publique sans pour autant dégrader les services publics. Des efforts budgétaires seront donc attendus lors de la présentation du projet de loi de finances le 9 octobre 2024.

La question qui se pose désormais est la suivante : la France peut-elle continuer sur cette voie ? Le gouvernement Barnier devra rapidement prendre des mesures pour freiner l’endettement, sous peine de voir la confiance des investisseurs s’éroder davantage et de subir des pressions accrues de la part des institutions européennes. Si certaines entreprises et contribuables les plus aisés pourraient être mis à contribution, des réductions significatives des dépenses publiques semblent désormais inévitables.

Alors que la France fait face à des défis économiques de taille, une action déterminée sera nécessaire pour éviter que la dette ne devienne un fardeau insurmontable pour les générations futures.