Le monde HLM dénonce l’immobilisme de l’État face à la crise du logement

27 septembre, 2024 / Entrevue

Réuni à Montpellier du 24 au 26 septembre 2024, le monde du logement social a vivement critiqué l’État pour son immobilisme face à la crise du logement. Lors du congrès de l’Union sociale pour l’habitat (USH), Emmanuelle Cosse, présidente de l’USH et ancienne ministre du Logement, a dénoncé l’absence de réaction de l’État face aux difficultés croissantes du secteur. Selon elle, les slogans comme le « choc de l’offre » lancé en 2017 sont restés sans suite concrète, tandis que la crise s’est aggravée.

La présidente de l’USH, représentant 80% des logements sociaux, a rappelé les revendications récurrentes des acteurs du secteur. Parmi celles-ci figurent le rétablissement des prêts à taux zéro, la suppression de la réduction de loyer de solidarité (RLS) qui pèse sur les finances des bailleurs sociaux, et la nécessité d’un soutien public renforcé pour la rénovation énergétique des logements. « Depuis des mois, l’État se dérobe », a-t-elle déclaré, ajoutant que la politique actuelle a accéléré la crise, sans en être l’unique cause.

Les représentants du logement social, comme Marie-Noëlle Lienemann de la fédération Coop’HLM et Bruno Arcadipane d’Action Logement, partagent ce constat. Selon eux, les décisions budgétaires depuis 2017 ont affaibli les capacités de production et de rénovation des logements sociaux.

Un ministère du Logement de plein exercice, un signe d’espoir

La nomination récente de Valérie Létard, nouvelle ministre du Logement, a suscité des attentes dans le secteur. En prenant la tête d’un ministère de plein exercice, elle est perçue comme un signal fort d’une éventuelle réorientation des politiques publiques. Toutefois, lors de sa première intervention au congrès HLM, la ministre a tempéré les espoirs, rappelant la contrainte budgétaire actuelle et l’absence de marges financières importantes. Bien que son discours ait marqué sa détermination à soutenir le logement social, aucune annonce concrète n’a été faite, Valérie Létard préférant attendre la déclaration de politique générale du Premier ministre, prévue le 1er octobre.

Face à une situation budgétaire tendue, la ministre a indiqué qu’il ne fallait pas s’attendre à des moyens financiers massifs dans l’immédiat, mais qu’elle privilégierait une approche pragmatique et la « co-construction » avec les acteurs du secteur. Si elle reconnaît les défis auxquels le secteur est confronté, elle reste prudente quant aux mesures immédiates, soulignant la nécessité de faire des choix prioritaires pour l’action publique.

Des attentes immenses face à la crise aiguë du logement

Avec 2,7 millions de ménages en attente d’un logement social, les besoins sont urgents. Le secteur attend des actions rapides dès le projet de loi de finances 2025, notamment le rétablissement des aides à l’accession et la prorogation du dispositif Pinel. Mais les interrogations restent nombreuses quant aux marges de manœuvre réelles du ministère, dans un contexte de dette publique élevée.

Valérie Létard, qui se décrit elle-même comme une « battante », a promis de porter la voix du logement social au sein du gouvernement et de défendre la cause des bailleurs sociaux. Bien qu’elle n’ait pas de « baguette magique », elle a assuré qu’elle ferait tout son possible pour que le logement soit reconnu comme une priorité nationale, tout en se préparant à un exercice « complexe » face aux contraintes budgétaires.

Le secteur du logement, quant à lui, reste en alerte, espérant que cette nomination puisse enfin permettre une réponse efficace à une crise qui n’a cessé de s’aggraver ces dernières années.