Le RN cherche à reprendre sa place au bureau de l’Assemblée nationale

25 septembre, 2024 / Entrevue

Le Rassemblement national (RN) pourrait bien profiter du récent remaniement pour tenter de récupérer un poste clé au bureau de l’Assemblée nationale. Deux mois après avoir été écarté de toute fonction stratégique au Palais Bourbon, le parti de Marine Le Pen prépare sa revanche suite à la nomination d’Annie Genevard au gouvernement Barnier.

La nomination d’Annie Genevard, députée LR et vice-présidente de l’Assemblée, au ministère de l’Agriculture, laisse vacant son poste à l’hémicycle. Pour le RN, cette situation représente une chance de récupérer une vice-présidence perdue lors des élections de juillet dernier, où un front républicain avait privé le parti de Marine Le Pen de postes d’influence malgré son poids croissant.

Le parti de Marine Le Pen, qui est passé de 89 à 126 députés en 2024, entend bien faire valoir ses droits cette fois-ci. « Notre poids dans l’hémicycle nous confère le droit à au moins deux vice-présidences », a déclaré Marine Le Pen lors des journées parlementaires du RN. Selon des sources proches, un candidat sera bien présenté pour remplacer Annie Genevard, mais les autres blocs parlementaires pourraient à nouveau s’unir pour faire barrage.

Une arme politique redoutable

Le contexte politique actuel pourrait néanmoins jouer en faveur du RN. Face à la majorité relative de Michel Barnier, le Rassemblement national est en position de force. En menaçant de voter une motion de censure, Marine Le Pen pourrait contraindre le gouvernement à lui accorder cette vice-présidence pour éviter une crise parlementaire. Toutefois, cette stratégie pose un dilemme. « Menacer de censurer un gouvernement pour un simple poste à l’Assemblée fait très politicien, ce que nous prétendons ne pas être », confie un proche de la présidente du RN.

Certains élus du RN minimisent cependant l’importance réelle de ces postes. « Symboliquement, c’était crucial pour notre institutionnalisation. Mais maintenant que nous avons déjà siégé au perchoir, l’avantage est en partie acquis », explique un parlementaire du parti. Néanmoins, les récents revers montrent que cette institutionnalisation est loin d’être garantie.

Une épreuve pour la majorité Barnier

La décision de la majorité relative de Michel Barnier de laisser ou non le RN récupérer ce poste sera scrutée de près. Refuser pourrait provoquer un bras de fer parlementaire, tandis que céder pourrait affaiblir l’image de cohésion républicaine du gouvernement. Ce contexte démontre à quel point la majorité est fragile et dépendante du jeu des alliances.

Pour Marine Le Pen, cette bataille est un test crucial. L’institutionnalisation du RN, qui peine à franchir certains obstacles, passe par des postes symboliques comme celui de vice-président de l’Assemblée. La question reste de savoir si, cette fois, le front républicain de la part des députés sera aussi uni face au parti à la flamme.