Michel Barnier recadre ses ministres après les premiers dérapages

25 septembre, 2024 / Entrevue

À peine le gouvernement de Michel Barnier dévoilé samedi, des frictions au sein de l’équipe ministérielle l’obligent à rappeler certains principes de discipline. Dès les premiers jours, plusieurs ministres se sont fait remarquer par des déclarations maladroites ou discordantes, forçant le Premier ministre à réagir fermement.

Parmi les incidents, Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, s’est exprimé prématurément avant même l’annonce officielle de sa nomination. Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, a provoqué la colère d’un élu local touché par les intempéries. De son côté, Antoine Armand, ministre de l’Économie, a loué le travail de son prédécesseur, tout en qualifiant le Rassemblement national (RN) de parti hors de l’arc républicain, en dépit de la ligne de Barnier prônant l’écoute de toutes les forces politiques. À cela s’ajoute une tension palpable entre Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, et Didier Migaud, ministre de la Justice, qui semblent déjà engagés dans une lutte d’influence.

Rappel à l’ordre et gestion collective

Face à ces dérapages, Michel Barnier a réagi sans tarder. Il a fermement invité ses ministres à suivre la ligne politique établie dès son arrivée à Matignon, insistant sur les valeurs d’humilité, d’esprit collectif, et de respect. Pour corriger le tir, Barnier a sommé Antoine Armand de clarifier ses propos sur le RN et a personnellement appelé Marine Le Pen pour assurer que le gouvernement n’exclurait aucune force politique du dialogue républicain.

En coulisses, certains se demandent si ces incidents relèvent de maladresses liées à la nouveauté des fonctions, ou si des ambitions individuelles, voire des calculs politiques plus subtils, sont à l’œuvre. Certains voient même dans ces écarts des tentatives de sabotage orchestrées par des soutiens de Gabriel Attal.

Un changement de méthode

Michel Barnier, conscient des enjeux à venir, souhaite un changement radical de méthode. Il veut rompre avec la communication politique omniprésente des dernières années pour se concentrer sur les besoins urgents des Français. Pour cela, il insiste sur une gouvernance tournée vers l’action collective, et non vers des querelles partisanes. Il est déterminé à éviter la confusion des messages en misant sur des ministres engagés et disciplinés.

Mais la route sera longue. Malgré les consignes claires, certains ministres peinent encore à s’adapter à la rigueur exigée par Barnier. La relation tendue entre Bruno Retailleau et Didier Migaud est un exemple criant des ajustements nécessaires. À Matignon, on se montre cependant confiant en affirmant que les ministres finiront par s’adapter au « style Barnier », plus sobre et centré sur les actions concrètes que sur la communication médiatique.

Michel Barnier veut offrir aux Français un gouvernement solide, capable de relever les défis actuels sans se laisser distraire par les logiques politiciennes. Mais les premières semaines de gouvernance montrent déjà les difficultés d’une équipe composée de 39 ministres, où chacun doit encore trouver sa place.