Sécurité, immigration, drogues : les dossiers explosifs qui attendent Bruno Retailleau

22 septembre, 2024 / Entrevue

Bruno Retailleau, le nouveau ministre de l’Intérieur du gouvernement de Michel Barnier, se retrouve face à de nombreux défis épineux en prenant la tête de la place Beauvau. Dès son arrivée, il doit gérer une multitude de dossiers sensibles, à commencer par celui de l’immigration, un sujet qui a dominé les débats politiques ces derniers mois.

Immigration et lutte contre les appels d’air migratoires

Retailleau a critiqué à plusieurs reprises la politique de son prédécesseur Gérald Darmanin, notamment sur les faiblesses dans la gestion de l’immigration. Après la censure partielle du projet de loi sur l’immigration par le Conseil constitutionnel en janvier dernier, il devra apporter des réponses concrètes. Parmi les mesures envisagées, la transformation de l’Aide Médicale d’État (AME) en Aide Médicale d’Urgence (AMU), le contrôle du regroupement familial, et la négociation d’accords de réadmission avec les pays d’origine des migrants illégaux, comme l’Algérie, la Chine, ou encore le Niger.

Cependant, la mise en œuvre de ces actions reste incertaine, surtout sous la pression d’un Rassemblement National fort de 126 députés et en pleine montée des tensions liées à la gestion des flux migratoires.

La bataille contre le narcotrafic

Un autre dossier clé pour Retailleau est la lutte contre les narcotrafics. Bien que Darmanin ait fait de cette question une priorité, les résultats se sont révélés décevants. Le Sénat avait, en mai dernier, publié un rapport alarmant sur l’ampleur du trafic de drogues en France, pointant du doigt l’internationalisation des réseaux criminels et l’insuffisance des moyens déployés pour lutter contre ce fléau.

Retailleau pourrait renforcer l’Office anti-stupéfiants (Ofast), en s’inspirant du modèle de la DEA américaine, afin d’en faire un acteur central de la lutte contre le narcotrafic.

Un ministère sous pression : fatigue et revendications des forces de l’ordre

Les forces de l’ordre, fortement mobilisées durant les Jeux Olympiques, souffrent de fatigue accumulée et de revendications salariales non satisfaites. Entre la lutte contre le terrorisme, la gestion des manifestations et les crises successives en Outre-Mer, les policiers et gendarmes sont « rincés », selon leurs représentants syndicaux.

Retailleau devra également répondre à la montée de la délinquance. Entre 2021 et 2023, les homicides ont augmenté de 18,5 %, et les plaintes pour viols de 23 %, selon les chiffres de Beauvau.

Enfin, le ministre de l’Intérieur devra négocier un budget en hausse pour 2025. Avec des coupes budgétaires décidées en février 2024 et un parc automobile et des commissariats en besoin de renouvellement, Retailleau est confronté à des défis budgétaires majeurs. La hausse des effectifs de police, annoncée sous la présidence Macron, s’est révélée insuffisante pour compenser les départs en retraite massifs, un autre problème auquel Retailleau devra trouver une solution.

Pour le nouveau « premier flic de France », les attentes sont élevées, tant du côté des forces de l’ordre que des citoyens, qui placent la sécurité comme une priorité nationale.