L’UE met la pression sur la Géorgie après l’adoption d’une loi restreignant les droits LGBT

18 septembre, 2024 / Entrevue

L’Union européenne intensifie sa pression sur la Géorgie après le vote d’une loi jugée discriminatoire à l’égard de la communauté LGBT+. Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, a fermement exhorté Tbilissi à revenir sur ce texte, qui, selon lui, « éloigne encore » la Géorgie de son processus d’adhésion à l’Union européenne.

La législation, votée mardi par le Parlement géorgien et soutenue par le parti au pouvoir, Le Rêve géorgien, est présentée comme visant à protéger les « valeurs familiales ». Cependant, elle a été critiquée par l’UE et les organisations de défense des droits humains, qui estiment qu’elle entravera les droits fondamentaux des personnes LGBT+ et renforcera la stigmatisation. L’opposition géorgienne, boycottant le vote, a accusé le gouvernement de se détourner de l’Occident en se rapprochant des positions conservatrices et homophobes de la Russie.

Un projet de loi inspiré de la Russie

Le texte législatif est largement perçu comme un écho aux lois anti-LGBT+ adoptées en Russie. Il restreint la diffusion de contenus jugés favorables à l’homosexualité, interdit les rassemblements de soutien aux droits des LGBT+, et limite la représentation des relations homosexuelles dans les médias et les écoles.

Cette loi arrive à un moment critique pour la Géorgie, alors que des élections législatives sont prévues pour le 26 octobre prochain. Le débat autour de cette législation a ravivé les tensions internes, l’opposition dénonçant une dérive autoritaire et un éloignement des objectifs d’adhésion à l’UE et à l’OTAN.

Outre l’UE, les États-Unis ont également exprimé leur inquiétude. Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a critiqué les « violations des droits humains » en Géorgie, tandis que Washington a imposé des sanctions à une soixantaine de responsables géorgiens, accusés de saper la démocratie dans leur pays. L’Allemagne a également appelé à l’abandon du texte, affirmant qu’il « éloigne un peu plus » la Géorgie de l’Europe.

Alors que la Géorgie espérait voir débuter les négociations d’adhésion à l’UE, cette loi pourrait compromettre ses ambitions européennes, le pays étant désormais perçu comme faisant un virage politique conservateur et anti-occidental.

Un avenir incertain

L’avenir de la Géorgie sur la scène internationale semble incertain, d’autant plus que cette loi intervient après une série d’autres mesures controversées, comme le projet de loi sur « l’influence étrangère » adopté en mai. L’UE a déjà suspendu de facto le processus d’adhésion du pays, en attente d’un changement de cap politique. Pour les observateurs, cette nouvelle législation risque d’alimenter davantage l’instabilité dans le pays à l’approche des élections législatives.

La Géorgie se trouve ainsi à un carrefour, tiraillée entre son aspiration à rejoindre l’UE et les influences conservatrices prônées par son gouvernement, de plus en plus proche des positions russes sur les questions de société.