Algérie : Tebboune réélu président avec 95%, contesté par l’opposition et lui-même

10 septembre, 2024 / Entrevue

Lors des élections présidentielles en Algérie de ce week-end, qui ont vu la réélection du président sortant Abdelmadjid Tebboune avec un score écrasant de 94%, des voix se sont élevées pour contester les résultats annoncés. Les candidats Abdelaali Hassani, leader du Mouvement de la société pour la paix (MSP), et Youcef Aouchiche, à la tête du Front des forces socialistes (FFS), ont exprimé de sérieuses réserves quant à la fiabilité des chiffres de participation et des votes en leur faveur, selon les résultats fournis par l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie).

Les deux hommes politiques ont critiqué ouvertement ce qu’ils considèrent comme une « fraude » orchestrée par l’Anie, s’attaquant notamment aux chiffres de participation qui semblent avoir été gonflés en fin de journée électorale. À 17 heures le jour du vote, l’Anie rapportait une participation de 26%, mais quelques heures plus tard, ce chiffre a presque doublé pour atteindre 48%. Ce bond spectaculaire a soulevé des questions, d’autant plus que l’ouverture des urnes a été prolongée d’une heure jusqu’à 20 heures.

Youcef Aouchiche a qualifié les agissements de l’Anie de « fraude planifiée et complète », marquant son inquiétude face à l’absence de transparence dans le processus électoral. Les deux candidats ont également déploré le faible pourcentage de votes en leur faveur, jugé non conforme aux procès-verbaux des commissions électorales locales : Hassani a obtenu 3,17% et Aouchiche 2,16%.

En réaction à ces anomalies, les deux leaders de l’opposition ont annoncé leur intention de porter l’affaire devant la Cour constitutionnelle, espérant que cette instance pourra réexaminer les résultats et éclaircir les irrégularités signalées.

Dans une démarche plutôt inhabituelle, les trois candidats, y compris le président réélu Tebboune, ont publié un communiqué commun pour dénoncer des « irrégularités dans les résultats annoncés par l’Anie ». Ils ont pointé du doigt les contradictions dans les chiffres de participation et les erreurs dans l’annonce des pourcentages pour chaque candidat.

Cette situation soulève des questions sur la stabilité du processus démocratique en Algérie et met en lumière les défis que doit relever le pays pour assurer des élections libres et équitables. La Cour constitutionnelle est désormais sous pression pour traiter ces recours de manière juste et transparente, dans l’espoir de restaurer la confiance dans le système électoral algérien.